Serge DEVILDER (28 janvier 2023)


Serge Devilder adhérent ANOCR 34-12-48 décédé le 28 janvier 2023 anocr34.fr

Nous avons le regret de vous faire part du décès du lieutenant-colonel Serge DEVILDER, le 28 janvier 2023 à l’âge de 81 ans.

Serge a fait un sévère AVC alors qu’il était à la clinique pour changer son pacemaker, il y a 20 jours. Il était depuis paralysé, aphasique et non stabilisé.

Serge était marié, deux enfants et cinq petits-enfants.

 

Natif de Cambrai où il a suivi sa scolarité, Serge Devilder s’était engagé pour intégrer la corniche militaire de Bordeaux.

Il suivra ensuite le cursus de formation : École militaire de Strasbourg (PPEMIA), Écoles de St-Cyr Coëtquidan (EMIA : promotion "Cinquantenaire de Verdun" 1965-1966, choix des troupes de marine), École d’application de l’infanterie à Saint-Maixent-l’École.

-          Sous-lieutenant et lieutenant chef de section au 2e RIMa au Camp d’Auvours (Le Mans),

-          séjour au 1er RIAOM à Dakar (Sénégal),

-          lieutenant au 3e RPIMa à Carcassonne,

-          stage des capitaines à l’EAI Montpellier,

-          capitaine commandant d’unité au 23e RIMa à Maisons-Laffitte,

-          séjour en Nouvelle-Calédonie au RIMaP (régiment d’infanterie de marine du Pacifique),

-          service des relations publiques à St-Cyr-Coëtquidan,

-          officier supérieur au 1er RIMa à Granville (Manche),

-          séjour à Libreville (Gabon),

-          officier budget à l’EAI Montpellier.

Il est chevalier de l’ordre national du Mérite.

 

Les obsèques ont été célébrées en l’église Notre-Dame de la Paix à Montpellier le 3 février.


Éloge du lieutenant-colonel Serge DEVIDER

par son beau-frère et président de la promotion "Cinquantenaire de Verdun", Claude GRADIT,

le 3 février 2023 en l’église Notre-Dame de la Paix à Montpellier

 

Mon cher Serge, cher beau-frère, cher camarade de promotion, 

C’est à ces titres et à celui supplémentaire de président de notre promotion que je te rends hommage aujourd’hui.

Natif de Cambrai en 1941, tu y as vécu ta jeunesse et en partie ta scolarité. Après des études secondaires en Belgique chez les Pères des écoles chrétiennes et une année de droit, tu décides de servir ton pays et tu t’engages au titre de la corniche militaire de Bordeaux. Pour les non-initiés, corniche désigne les classes préparatoires aux concours des grandes écoles militaires ou civiles.

Après un cursus de formation de deux ans à l’École militaire de Strasbourg, tu es reçu au concours d’entrée à l’École militaire interarmes (EMIA) de Coëtquidan au cœur de la lande bretonne. Tu es nommé sous-lieutenant en 1966 et tu choisis de servir dans les troupes de marine. Mais entre-temps, tu fais la connaissance d’une jeune et jolie Bretonne, prénommée Gaëlle. 

Tu poursuis ta qualification de fantassin à Saint-Maixent-l’École. 

Au grand bal annuel des sous-lieutenants d’infanterie, dans la salle capitulaire de l’ancienne abbaye de Canclaux, tu invites Gaëlle qui se fera accompagner de sa sœur Annick. C’est ainsi que grâce à toi, j’ai dit grâce et pas "à cause de", j’ai fait la connaissance de mon épouse. 

Juillet 1967, nous voilà libérés de nos années d’école et nous allons enfin rejoindre nos régiments. 

Mais avant cela, nous allons nous marier dans une même cérémonie. Et comble de bonheur pour tout le monde, la troisième sœur de la fratrie, Rozenn, venue au mariage depuis Madrid, accouche ce jour-là. Nous avons mis un peu d’émoi à la maternité quand les deux couples de jeunes mariés en robe blanche et en en grand uniforme sont venus féliciter la maman et faire la connaissance de leur neveu. À notre beau-père qui s’exclamait "quel bonheur, je marie mes deux filles et suis grand-père le même jour", nous lui recommandions de préciser que la maman n’était pas une des deux mariées du jour !!!

 

Comme tout officier de l’ex-coloniale, tu vas alterner les affectations en métropole et outre-mer et entre unités de combat et écoles ou état-major et ce tous les deux à trois ans. 

Ta première affectation au 2e RIMa stationné au camp d’Auvours, près du Mans, te vaudra la primeur, dans l’armée française, de l’expérimentation et de l’emploi du tout nouveau missile antichar et tu commanderas l’une des trois premières sections ENTAC de la 9e brigade d’infanterie de marine. Au bout de 2 ans, tu es désigné pour ton premier séjour outre-mer mais auparavant, sélectionné pour suivre le stage d’officier parachutiste, tu vas rejoindre Pau pour l’obtention de la qualification "chef de section TAP". Même si c’est un stage éprouvant, pourquoi en parler ?

Parce qu’il nous découvre ton caractère. Alors que ce stage de 8 semaines touche à sa fin, tu te fractures le péroné lors d’un saut et tu demandes à poursuivre le stage. Malgré  l’attelle et un bandage bien serré, tu vas souffrir mais tiendras bon et tu obtiens ta qualif avant de partir au Sénégal où tu seras chef de section TAP au 1er RIAOM à Dakar. 

À ton retour, tu es à nouveau affecté dans une unité para au 3e RPIMa à Carcassonne.

Tu y seras promu capitaine.

Après ton stage de formation de commandant d’unité élémentaire à l’EAI, transférée entre-temps de Saint-Maixent à Montpellier, tu pars commander une compagnie de combat au 23e RIMa à Maisons-Lafitte en région parisienne.

À l’issue, désigné pour servir dans le Pacifique, tu seras à nouveau commandant de compagnie au 7e BCS à Nouméa.

Tu enchaineras à ton retour en métropole, un temps de troupe au 1er RIMa à Granville (Manche) puis une affectation à Coëtquidan à l’état-major du commandement des écoles de ce qui constitue aujourd’hui l’Académie militaire de Saint-Cyr, où tu seras en charge de l’évènementiel au bureau des relations publiques. Ce qui n’est pas une mince affaire dans cette vitrine de l’armée de Terre où se succèdent les rites des futurs officiers : présentation au drapeau, baptêmes de promotions, remises des sabres, remises des galons…

En 1984, tu retrouves l’Afrique et tu vas servir cette fois en assistance militaire technique à Libreville au Gabon. Avec Gaëlle, vous m’accueillez par 2 fois en 1985 alors que je fais partie d’une délégation chargée de la conception et de l’organisation de l’exercice N’Diambour, exercice majeur annuel interarmées et interalliés organisé à tour de rôle au Gabon, au Sénégal et en Côte-d’Ivoire. En dehors des heures de travail, j’apprécie quelques courts moments de détente en ambiance familiale.

Ta dernière affectation sera l’École d’application de l’infanterie où tu feras valoir tes droits à la retraite en 1990.

 

Peu enclin à l’extériorisation de ses états d’âme, Serge a été un exemple d’abnégation, d’intégrité et d’honnêteté intellectuelle. Il a défendu bec et ongle ce qu’il croyait être juste, notamment les droits de ses subordonnés contre des décisions de commandement parfois brutales. Il a fait sienne une des belles devises du maréchal LYAUTEY, "obéir d’amitié", principe de commandement intangible. Il a toujours été aimé de ses soldats qui avaient une totale confiance en lui.

Je terminerai, dans cette église qui était sa paroisse depuis plus de 25 ans, en évoquant quelques paroles de notre chant de tradition de l’École militaire interarmes, LA PRIÈRE, que nous chantions avec gravité et émotion : "Mon Dieu donne-moi la tourmente, donne-moi la souffrance mais donne-moi aussi force et courage". Ces paroles, Serge les a portées en lui jusqu’à son dernier souffle, samedi dernier.

À son épouse Gaëlle qu’il a choyée, à ses enfants Armel et Inge et à ses cinq petits-enfants Léonard, Mathis, Mila, Maya et Yann, je leur exprime au nom des officiers de notre promotion "Cinquantenaire de Verdun" et au nom des adhérents de l’Association nationale des officiers en retraite, à laquelle il appartenait, nos condoléances attristées et j’y ajouterai, en ce qui me concerne, mon affection.

Repose en paix Serge.