Voyage en ARMÉNIE (7 au 15 mai 2019)


« Empire de pierres qui crient, Arménie, Arménie. »

Ossip Mandelstan, octobre 1930


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Grande Arménie
Grande Arménie
Arménie actuelle
Arménie actuelle

Civilisation trois fois millénaire, l’Arménie n’est pas une destination touristique ordinaire.

Ce pays, chrétien depuis le 4e siècle a subi nombre d’invasions et ce, dès le 6e siècle, les Perses, les Arabes, les Turcs seldjoukides, les Mongols, les Russes puis les Ottomans, envahirent, ravagèrent, occupèrent, démembrèrent ces contrées et, enfin les Soviétiques en 1920 mirent le pays en coupe réglée et laissèrent, 70 ans plus tard, des usines démantelées et des friches industrielles en ruines…

L’Arménie, après avoir perdu les 9/10es de son territoire et plus d’un tiers de sa population lors du génocide de 1915/1916 (1,5 million) a finalement récupéré un pays exsangue, isolé, enclavé sans aucun accès à la mer, entouré de nations musulmanes à l’exception de la Géorgie.

Ce pays, à peine grand comme la Belgique, compte actuellement 3 millions d’habitants dont un tiers dans la capitale Erevan, sans compter la diaspora très nombreuse dans le monde.

Situé aux limites du Caucase, cette région est très montagneuse avec des sommets toujours enneigés, le mont Ararat qui culmine à 5160m, est malheureusement maintenant en territoire turc ! L’Arakadz (4100) et de nombreux autres sommets de plus de 3000 m enchâssent des vallées profondes et verdoyantes.

Ce voyage fut parfaitement organisé et, notre guide Tigrane, nous fit découvrir son pays avec érudition et passion, pendant les trajets en bus, un peu longs parfois, compte tenu du réseau routier pour le moins vétuste…

 

8 mai, Yerevan

Première visite d’Erevan et première photo du groupe face au Mont Ararat sous la statue de la Mère Arménie.

Place de la Cascade et ses nombreuses sculptures contemporaines, Botero, Flanagan et d’autres… Les plus courageux montèrent les 600 marches à pied ! Jolie vue sur la ville et les montagnes environnantes…

Visite du musée et du mémorial du génocide, moment terrifiant et poignant, rencontre émouvante avec un couple de Français d’origine arménienne venant pour la première fois dans le pays natal de leurs parents.

 

9 mai, Khor Virap

Visite du plus vieux monastère d’Arménie « Khor Virap » situé aux pieds du Mont Ararat, stop rapide dans « le village aux cigognes » Surenavan, petit clin d’œil aux Alsaciens !

Une route traversant des paysages grandioses nous amena à Goris en fin de journée.

10 mai, Goris

Nous prenons le téléphérique qui surplombe les gorges menant au monastère de Tatev, impressionnant par sa situation, perché sur une falaise escarpée du bout du monde.

Sympathique déjeuner « chez l’habitant » : crudités diverses, pot au feu arménien, ambiance chaleureuse.

En route vers le lac Sevan, véritable mer intérieure, nous nous arrêtons au cimetière de Noradouz pour découvrir une forêt de « Khatchkars », croix de pierre, sceaux indélébiles de l’identité chrétienne arménienne.

  

11 mai, Sanahin et Haghpat

Nous faisons route dans les forêts de « la petite Suisse » jusqu’aux monastères de basalte gris aux multiples coupoles de Sanahin et de Haghpat.

Déjeuner sur le versant opposé, au sommet d’une falaise dominant toute la vallée où coule une rivière tempétueuse, notre chauffeur nous conduisit sans dommage tout en haut de cette route étroite et tortueuse.

Petit stop en bas, à Sanavan pour admirer un joli pont de pierre du 12e siècle enjambant la rivière Debed.

12 mai, Gyumri

Visite de la ville détruite aux 3/4 par le terrible séisme du 7 décembre 1988 et encore en reconstruction...  Nous nous promenons dans les rues épargnées et découvrons quelques maisons aux façades « art nouveau » dans ce quartier piéton en pleine rénovation.

Nous avons aperçu la statue de Charles Aznavour, célébré ici, comme il se doit.   

Visite au monastère de Marmashen, niché au creux d’un vallon, qui se compose de trois églises, on peut y découvrir de fines arcatures à rayons, décorées de grappes de raisin sur les façades de pierre ocre.

Petite halte dans une jolie cour fleurie où un spectacle folklorique, familial et bon enfant, nous donna l’occasion d’admirer les talents de comédien et d’improvisation de l’ami Jean.


13 mai, Geghard et Garni

Visite du monastère de Geghard, appelé aussi « la Sainte Lance » enchâssé dans un site verdoyant et paisible, un ruisseau et un petit pont romantique ajoutent à la sérénité du lieu. De nombreux animaux sculptés, grenadiers, ceps de vigne ornent les façades, sous la voute, des stalactites rappellent l’art oriental. Dans l’église à l’acoustique parfaite, un chœur de voix séraphiques nous tire des larmes, moment sublime.

Visite de la forteresse de Garni et de son temple hellénistique assez bien conservé, lieu étonnant dominant des vallées encaissées et sauvages où coule la rivière Azad.

Retour à Erevan pour une dégustation de Brandy, un must pour les amateurs !

 

14 mai, Zvartnots et Etchmiadzin

Nous repartons dans la plaine de l’Ararat vers Zvartnots, les ruines de cette cathédrale en forme de rotonde sont encore majestueuses face aux neiges éternelles de la montagne mythique.

Un mini concert de « doudouk » nous rappelle que nous rentrons demain en France…

Visite du « Saint Siège » de l’Église autocéphale arménienne, Tigrane nous explique son fonctionnement. Nous ne pouvons visiter la cathédrale en travaux mais découvrons le baptistère et les jardins de ce lieu paisible.

Déjeuner dans une ONG qui s’occupe d’enfants, deux membres du groupe s’essayent avec succès à la poterie, nous assistons ensuite à la confection du gâteau qui nous sera servi au dessert.

Visite du très intéressant musée Matenadaran (des manuscrits) et balade dans les rues commerçantes d’Erevan, dernière bière sous les allées ombragées parsemées de fontaines et de jets d’eau… allant de la place de la République vers notre hôtel.

 

En conclusion :

Cette nation force le respect par son courage et sa volonté de résilience : étonnante survie d’un peuple qui a bien failli disparaitre, sa force lui venant sans doute de sa cohésion familiale et religieuse.

L’Église arménienne est toujours vivante, exemple qui nous interpelle.

Comme nous l’a bien expliqué notre cicérone, la religion chrétienne est la colonne vertébrale de l’identité arménienne et bien que pauvres, particulièrement dans les campagnes, les Arméniens ne sont pas misérables et ne s’apitoient pas sur leur sort. Nous n’avons vu ni clochards ni mendiants…

Même si le chemin vers la prospérité semble encore long, la gentillesse et la dignité du peuple arménien méritent notre empathie et notre admiration.

Marie-Laure Billet

 


Voir aussi le reportage-photos réalisé par Sara Schon.


 

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