Roland JEAN-RICHARD (16 décembre 2018)


Nous avons le regret de vous faire part du décès du colonel Terre/infanterie Roland JEAN-RICHARD le 16 décembre 2018 à l’âge de 89 ans.

D’origine suisse, Roland a servi essentiellement dans la Légion étrangère et aussi à l’EAI.

 

Ses obsèques ont été célébrées le vendredi 21 décembre au complexe funéraire de Grammont.

L’éloge ci-dessous a été prononcé par le général 2s Roger Laffly, ancien légionnaire, ancien chef de corps du 2e REI.

 


Éloge du colonel Roland JEAN-RICHARD dit Bressel

par le général 2s Roger Laffly le 21 décembre 2018 à Grammont (Montpellier)

 

"Le Suisse a cessé de brouter l’herbe en France".

À peine notifiée, cette sentence qu’aimait utiliser Roland, nous confirme que le colonel Jean-Richard nous a quittés.

Frédérique, Yves, il me revient de raconter votre père, au milieu des vôtres, ses amis, ses camarades. Je vais tenter de le faire au travers de ses passions, de ses voyages.

L’AALE (association des anciens de la Légion étrangère) de Montpellier et le site "Mon légionnaire" ont retracé par le détail, avec beaucoup de justesse, la carrière de cet officier d’exception. Merci aux camarades qui ont manifesté leur attachement particulier sur ces sites. Aussi, je chercherai davantage à faire revivre le camarade, l’ami, l’officier que j’ai eu la chance de côtoyer depuis plus de 50 ans.

Suisse, né à Porrentruy, d’une lignée descendue des Franches-Montagnes, leur berceau, Roland en avait acquis le goût d’entreprendre, d’innover, la solidité et la solidarité mais également la qualité de l’accueil des autres. Ces qualités, il les a démontrées tout au long de sa vie d’officier d’exception. Tout était exceptionnel chez Roland.

Colonel honoraire, en ayant débuté comme képi blanc ; c’était une fierté qu’il savourait à chaque Saint Antoine. Officier d’exception de par son parcours : engagé à 19 ans, sergent à 22, adjudant à 12 ans de service, sous-lieutenant l’année suivante, puis carrière brillante jusqu’à son départ.

Carrière exceptionnelle par la diversité des postes tenus depuis celui de "secrétaire au bureau des statistiques puis chef de poste isolé dans les Aurès ; chef de section au 3e REI, le régiment de son cœur où il obtient la croix de la Valeur militaire reconnaissant sa bravoure ; chef de stage "snippers", domaine dans lequel il excelle ; officier des détails de la 4e Brigade motorisée ; commandant d’unité de la CSLE du 1er RE, unité essentielle à la bonne marche de toute la Légion ; chef des services administratifs du 1er RE puis de la 13e DBLE et enfin de l’EAI (trois grandes boutiques). Partout la réussite.

Il lui manquait un truc pour parfaire cette diversité d’emplois. C’est le général Coullon qui s’en charge, en le désignant comme officier "communication" du COMLE. Fonction à créer et pour laquelle il n’a aucune préparation antérieure. Là encore, parfaite réussite et en trois ans, la notoriété est reconnue par le SIRPA. Le général Coullon aurait souhaité se l’adjoindre à la DPMAT mais Roland a préféré quitter le service actif.

Officier d’exception également par la qualité des rapports qu’il savait créer et entretenir avec ses camarades. Pour mieux en parler, voici quelques témoignages qui me sont parvenus ces derniers jours :

- général Grandjean : son fume-cigarette, son œil pointu, son humour corrosif, sa générosité de grand frère qui m’a beaucoup aidé à mon arrivée à la L.E. (beaucoup d’officiers dont moi-même portent le même jugement) ;

- colonel Plassard de la même promotion d’OAEA à Saint-Maixent : il avait une aura naturelle qui le plaçait sensiblement au-dessus de tous ses camarades à qui il servait de locomotive ;

- colonel Chiaroni, à l’époque directeur de "Képi blanc" et donc son supérieur hiérarchique : une véritable amitié s’est créée entre nous ; intelligent, astucieux, grand spécialiste des rapports humains, c’était un "mec bien".

Et enfin, permettez-moi d’ajouter ce dernier témoignage. Il y a 50 ans, la 2e compagnie du 3e REI tenait garnison aux Comores. Son ordre de bataille comptait 4 officiers. Pour la dernière fois, ces 4 officiers sont réunis ici. Bel exemple d’amitié et de reconnaissance.

Sa dernière tranche de vie de retraité à Juvignac a été assombrie par deux drames qui l’ont abattu : le décès tragique de son petit-fils Thomas puis celui de Zizou, son épouse.

Au-delà des condoléances qui me restent à vous présenter, permettez-moi, Frédérique, Yves, d’exprimer à l’adresse de Guilhem et de Louise, le sentiment de légitime fierté qu’ils peuvent avoir en évoquant leur grand-père.