Raymond NICAISE (21 juillet 2018)


Raymond et Josette
Raymond et Josette

Nous avons le regret de vous faire part du décès du général Terre/Artillerie Raymond NICAISE, survenu le 21 juillet 2018.

Raymond était né le 25 octobre 1933. Il était ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion "Union française" (1952-1954).

Il a rejoint son épouse, Joséphine Nicaise, décédée le 19 octobre 2017 à Toulouse et inhumée à Alès dans le Gard.

Les obsèques ont été célébrées le mardi 24 juillet en l'église St Joseph, à ALÈS.


Éloge du général Raymond NICAISE

en l’église Saint Joseph d’Alès le 24 juillet 2018

 

À notre père, grand-père et arrière-grand-père

 

Ta vie a été rythmée par les mutations militaires, d’abord celles de ton père, ADC de gendarmerie, puis les tiennes. 

Tu nais le 25 octobre 1933, à Vauvert, et tu y séjournes jusqu’en 1942. Ton enfance restera marquée par les paysages de Camargue, mais aussi par le départ de ton frère André aux enfants de troupe. Dernier enfant au sein d’une famille très unie et exemplaire, tu as toujours gardé une admiration sans bornes et une affection profonde pour tes parents, ton frère André et ta sœur Henriette, que tu regardais comme des modèles. 

Puis, ton père ayant été affecté à Alès, tu y effectues l’ensemble de ta scolarité, de 1943 à 1951. Parmi les souvenirs les plus marquants, tu ne manquais pas de rappeler l’occupation, et surtout l’emprisonnement de ton père par les Allemands pour avoir donné des armes à la Résistance. Alors que ton père était condamné à mort, une tractation entre la gendarmerie et l’occupant a permis in extremis sa libération. 

En 1951, tu quittes le cocon familial pour rejoindre le Prytanée militaire de La Flèche. Tu présentes et réussis du premier coup le concours d’entrée à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, et tu fais la fierté de ta famille. Au cours de ta deuxième année, le 11 novembre 1953, tu rencontres une jeune femme d’origine italienne, récemment immigrée en France. Josette deviendra ton épouse le 24 décembre 1955 et vous resterez unis jusqu’à son décès le 19 octobre 2017. 

En 1954, tu effectues ta formation à l’École d’application de l’artillerie à Chalons/Marne, ce qui t’éloigne de ta fiancée. À l’issue, tu choisis un régiment d’artillerie en Algérie et tu y effectues ton premier séjour de 3 ans. Le 24 décembre 1955, tu profites d’une courte permission pour te marier à Lodève. Maman te rejoint en Algérie, mais doit vite repartir, car une naissance s’annonce. L’année 56 sera marquée par le décès de ton père, que tu admirais tant, mais aussi par la naissance de ta première fille, Christine. De 1957 à 1959, tu sers au Centre de sélection de Limoges, mais la routine t’ennuie et tu te portes volontaire pour un deuxième séjour en Algérie de 59 à 61. En 1960, au cours d’une permission tu me découvres pour la première fois. 

De 1962 à 1965, ta passion pour l’artillerie et ton expérience te conduisent logiquement à être instructeur à Chalons/Marne. En 1964, Laurence, votre troisième et dernier enfant, vient au monde. 

De 1966 à 1971, tu sers en Allemagne, d’abord au 11e RA où tu commandes une batterie d’instruction, puis durant 3 ans à l’état-major de la XIIe Brigade mécanisée.

En 1972, tes qualités d’instructeur te désignent tout naturellement pour aller former les officiers marocains de l’École d’état-major de Kenitra. Au cours de cette année, malgré l’éloignement, tu réussis du premier coup le concours de l’École Supérieure de Guerre. À l’issue des 2 ans de scolarité à l’École Supérieure de Guerre à Paris, tu es à nouveau affecté en Allemagne au 11e RA, en tant que chef des services techniques. Puis, tu sers à l’EM 6e RM à Metz de 77 à 79, au sein du bureau infrastructure où tes qualités de chef de projet sont remarquées. De 1979 à 1981, tu commandes le 34e RA à Müllheim. Ce passage très intense constituera un temps fort de ta vie militaire.   

 

À l’issue, tu es affecté à l’EMAT à Paris. Tu serviras 2 ans au sein du BSI en tant qu’adjoint, puis 6 ans en tant qu’officier supérieur adjoint au général major général. Tu seras considéré comme un coordonnateur essentiel au sein de l’EM. En 1990, à 57 ans, l’heure de la retraite sonne. Tu décides alors de rejoindre Montpellier, où tu passeras une retraite agréable aux côtés de Josette, retraite ponctuée de très nombreux voyages à travers le monde, sur tous les continents. Tu organises toi-même, très minutieusement, tes voyages, qu’il s’agisse des voyages lointains, ou des voyages en camping itinérant, ou encore les pèlerinages de Compostelle que tu réalises à pied avec un ami. Mais en 2017, l’état de santé de Josette s’est dégradé et vous êtes contraints de rejoindre un EHPAD à Toulouse.  

Qu’il s’agisse de ta famille, de tes amis ou des personnes qui te croisaient, le moins que l’on puisse dire, c’est que tu étais un homme pas ordinaire et tu ne laissais personne indifférent. Tu étais : 

un homme de convictions, défendant ses idées, parfois iconoclastes, avec ardeur, sans chercher à plaire. Fervent républicain, tu avais – chevillées au corps – les valeurs de la République ;

un homme de passions. Tu n’aimais pas la demi-mesure et tu privilégiais à chaque fois l’engagement total. Travailleur infatigable, tu cherchais en permanence le meilleur. Même dans les activités les plus simples, comme la course à pied, tu recherchais le dépassement de tes limites humaines. Mais, comment ne pas citer ta grande passion pour les voyages ;

un homme doté d’une grande intelligence. Entré à Saint-Cyr parmi les plus jeunes de ta promotion, tu as toujours été reconnu dans l’armée pour tes qualités professionnelles. Presque tous les sujets t’intéressaient, en particulier les questions de société. À chaque fois, tu faisais preuve d’un discernement, d’un esprit critique, d’une capacité d’analyse et d’un esprit souvent visionnaire ; 

un meneur d’hommes, comme tu l’as démontré dans tous tes postes opérationnels, notamment en Algérie, ou en tant que chef de corps. Charismatique, ton pouvoir d’influence était très fort. Ainsi, deux de tes enfants ont marché dans tes pas, en embrassant une carrière militaire ;

un homme altruiste. Tu n’as jamais compté ton temps, que tu as donné avec beaucoup de générosité au service de ton pays ; 

un homme de cœur, souvent tiraillé par la confrontation quasi-permanente entre l’autorité et les sentiments, entre l’action et le romantisme, entre les certitudes et le doute. Ton amour pour Josette, reste un Amour éternel de 64 ans, car il ne s’est pas éteint avec la disparition de ton épouse le 19 octobre dernier. Tu n’y as d’ailleurs pas survécu, tant la vie sans elle te paraissait sans saveur. En tant que père, tu as été souvent absent, en raison de tes contraintes professionnelles, mais les moments passés ensemble ont été intenses, constructifs et forts.  En tant que grand-père, tes petits-enfants peuvent témoigner de l’affection que tu leur as portée et des connivences très amusantes qui les ont marqués à jamais. Ces moments furent courts mais, une fois de plus, très riches et intenses.

 

Tu fais partie des hommes qui auraient aimé changer le Monde. Tu as réalisé un remarquable parcours professionnel dans l’Armée et tu es à l’origine, avec Josette, d’une famille qui compte aujourd’hui 3 enfants, 8 petits-enfants et 4 arrière-petits-enfants. Ta réussite principale, votre réussite à tous les deux, est bien là. Vous avez pris votre place ensemble dans le cycle de la vie. Maintenant, tu vas rejoindre Josette, notre mère, grand-mère et arrière-grand-mère. Repose en paix, car on t’aime et on t’aimera toujours. 

 

Éric, son fils, ancien officier, au nom de la famille