Pierre CAUSSE (14 janvier 2018)


Nous avons le regret de vous faire part du décès du Colonel Pierre CAUSSE, promotion Franchet d'Esperey, survenu le 14 janvier 2018.


Éloge du colonel Pierre CAUSSE

par le général 2s Michel Rall

au complexe funéraire de Grammont (Montpellier)

le 18 janvier 2018

 

Ce qui nous rassemble aujourd'hui, dans cette chapelle, sous le regard de Dieu, c'est le respect, l'amitié et la mémoire, au moment où Pierre, en bon fantassin de marine, embarque pour l'autre rive de la Vie. Mais c'est aussi pour témoigner à Jeanine, son épouse, à ses deux fils, Philippe et Michel, à leurs proches, notre compassion et notre solidarité dans l'épreuve qu'ils vivent.

 

Pierre, mon camarade de promotion de St-Cyr "Franchet d'Esperey" (1955-1957), en homme discret et modeste, ne nous a transmis qu'une chronique succincte de son parcours. Mais les jalons qui ponctuent son engagement d'une trentaine d'années au service de la France, nous révèlent un soldat épris du large, un homme d'action et d'audace. Fils de militaire, il nait à Pau le jour de Noël 1931. Après son service militaire, il est affecté à Brazzaville, au Bataillon de Tirailleurs du CONGO- GABON. Il gardera, de sa jeunesse, un puissant tropisme pour l'Afrique et l'Outre-mer en général. En 1955, il prépare son concours d'entrée à St-Cyr, à l'École Militaire de Strasbourg. Admis, il passe un an à Coëtquidan, puis un an à l'École d'Application de l'Infanterie à St-Maixent. En 1958, il rejoint les Aurès en Algérie.

 

En 1959, une courte pause lui permet d'épouser Jeanine. En 196O, il rejoint avec son épouse Ambositra à Madagascar, où nait leur fils Philippe. En 1964, Pierre est affecté au 8e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine à Castres, où naît, en 1966, leur second fils Michel. Sa vie nomade le mène au Bataillon d'infanterie de marine de Tahiti, de 1968 à 1969. Puis, sans transition, Pierre saute du Pacifique au Centre d'Entraînement Commando de Quelern, au large de Brest. De 1972 à 1975, il sert à nouveau au 8e RPIMa à Castres. Puis il rejoint Dakar, comme instructeur auprès de l'Armée sénégalaise. À son retour, le rythme de cette vie nomade est un peu plus calme. À Rennes, il dirige, de 1977 à 1981, la Préparation militaire  supérieure, avant qu'une ultime fois, sans doute poussé par son goût du grand large, il retourne à Abidjan, pour œuvrer au Service Civique de la Côte d'Ivoire. En 1983, promu entre-temps colonel, Pierre prend sa retraite à Rennes. Il a 52 ans et 31 ans de service et une vie toute entière vouée à l'action, fidèle à l'idéal de sa jeunesse…

 

Ma conclusion sera une citation des mémoires de l'un de mes grands anciens, résistant, déporté à 18 ans à Buchenwald, officier de Légion exemplaire, je veux parler d'Hélie de Saint-Marc … Voici ce qu'il écrit dans  "Les champs de braises" : " Tant de choses passent comme le vent, la vanité de nos efforts parait telle qu'il ne faut jamais s'arrêter de planter, de bâtir, de travailler, de souffrir, d'espérer, d'aimer… Chaque homme doit laisser une trace, même infime, à ceux qui lui succèdent dans l'échelle du temps. "

 

Il me semble que Pierre s'est battu toute sa vie pour qu'il en soit ainsi…