Jean-Paul VIDAL (18 janvier 2022)


Jean-Paul Vidal membre de l'anocr 34-12-48 et décédé le 18 janvier 2022 anocr34.fr

Nous avons le regret de vous faire part du décès du général Jean-Paul VIDAL le 18 janvier 2022 à Montpellier (CHU St-Éloi). Le corps a aussitôt été transféré en Corse.

 

Jean-Paul, de la promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr "Terre d’Afrique" (1957-1959) est né le 23 juin 1937. Il a servi dans l’infanterie métropolitaine.

Il a commandé le 159e régiment d’infanterie alpine à Briançon de 1981 à 1983 avant de rejoindre l’État-major de l’armée de Terre où il a été chef de la section "Études-entrainement" du bureau Emploi (centre opérationnel de l’armée de Terre) puis chef du bureau Instruction.

Officier de la Légion d’honneur, Croix de la Valeur militaire avec 2 citations pendant la guerre d’Algérie.

 

Ses obsèques ont été célébrées le 20 janvier à Sainte-Lucie de Tallano en Corse.

 

Le 29 janvier, une messe de requiem était célébrée en l’église Saint Bernadette de Montpellier en mémoire de Jean-Paul Vidal.

En présence de ses camarades de promotion, d’une représentation de l’ANOCR et de très nombreux paroissiens, son fils Bertrand a rendu hommage à son père et son épouse Juliette a reçu de chaleureux témoignages d’affection et d’amitié.


Éloge du général Jean-Paul VIDAL

en l’église Sainte Lucie de Tallano le samedi 22 janvier 2022

par son fils Bertrand

 

Mon cher papa, 

Nous plaisantions à l’occasion quant à savoir quels mots seraient couchés sur cette feuille blanche le jour de ton rappel à Dieu.

Voilà donc ce jour arrivé, mes pensées sont confuses, car il y a tant à dire mais au-delà des mots c’est ta pudeur et ton extrême sensibilité dont je veux me souvenir.

Quelques jours après le décès de Minane, il y a moins d’un an, nous sommes montés à Bavella, dans cette montagne Corse que tu chérissais tant. La photo que j’y ai prise de maman et toi, symbolisait tout ce que tu es et tout ce que tu aimais.

Papa, est avant tout indissociable de maman. Ce sont ces presque 60 ans de mariage, une fusion absolue, une famille construite année après année, dans la joie et malgré les peines, portés par une foi profonde dans notre Seigneur.

Tu aimais tant notre Dame de Bavella à qui nous nous sommes tant confiés.

Du chêne, tu en avais la solidité, la robustesse. Tu as toujours été la poutre maitresse de notre cellule familiale et tu nous laisses bien seuls aujourd’hui dans la froideur de ce mois de janvier.

Mais le chêne est éternel et tu as su ancrer des racines solides avec tes quatre fils. La subtilité des sentiments dont tu nous as toujours couverts, nous a parfois échappé, mais le silence est parfois plus puissant que de longs discours.

Tu nous as tant aimés, avec bienveillance, pudeur et exigence aussi. Nous devons nous attacher à présent à faire encore grandir ce que tu as semé, les années nous ayant aussi éprouvé et nous aidant à mieux te comprendre, à  davantage t’aimer et à présent à profondément te regretter.

Tu étais un homme de la montagne, lozérienne à ta naissance,  alpestre par profession et passion - ce 15/9 que tu chérissais tant - et corse par amour et ton mariage avec maman. 

Tu avais cette âme de montagnard, parfois solitaire, mais tellement fiable, telle une corde de rappel, ton verbe était rare, mais chaque mot avait une vraie signification et une vraie portée. Là encore nous l’avons appris avec le temps.

Tu aimais tant lire, tant apprendre, que chaque mot avait un vrai sens dans ta bouche.

Tu étais quelqu’un d’entier, tu croyais dans la valeur de la parole donnée, tu as toujours dit ce que tu allais faire et fait ce que tu avais dit.

Tu étais imprégné de l’amour de cette Corse et de notre village, tu rejoins aujourd’hui tes compères d’apéro, Jules Buccai, Guy Giacomoni, Francis Filippi, et bien d’autres. 

Tu te sentais un peu esseulé ces dernières années ; je suis sûr, qu’ils t’attendent avec un bon casa sur la terrasse du Paradis. Mais toujours avec modération.

Tu as écumé pendant tant d’année tous les repères de ces chemins de montagne, et tu aimais nous guider sur ce GR que tu avais apprivoisé. Plus Corse que les Corses. Si tu fais quelques balades la haut, n’oublie pas ton fidèle Jacques Montmayeur.

Ta nature a toujours été marquée par le don de soi, tu as toujours fait passer les autres avant toi, tu pensais si rarement à toi pour mieux protéger tes être chers, pour mieux signifier cette personnalité faite d’effacement pour faire briller ceux qui t’entouraient.

Tu as été un merveilleux époux, tu as été un très bon père et tu peux être fier des valeurs que tu nous as inculquées, même si parfois la déclinaison que nous en avons, provoquait une relative incompréhension de ta part.

Tu as été un ami solide, fidèle et discret. Tu aimais tant ton Michel, bricoleur hors pair et pêcheur à la truite qui forçait ton admiration. Il a aujourd’hui cette même pudeur, les yeux embrumés et le cœur serré.

Tu nous as tant aimés, tant protégés, nous te faisons ce serment à notre tour de toujours protéger maman. 

SI les effusions n’ont jamais été notre marque de fabrique, une main serrée, un regard ont su tout au long de ta vie transposer la force de tes sentiments.

Il y a quelques jours encore, sur ton lit d’hôpital, tu étais submergé par l’émotion en entendant maman te parler et en recevant des baisers et des caresses de Pascal et Olivier nos frères qui t’ont accompagné jusqu’à la fin.

Ton souvenir est là, mais au-delà de ce souvenir je ressens au plus profond de moi, ta présence et ta chaleur.

Oui tu bougonnais, mais tu étais profondément bon.

Tu as vécu pour l’amour de ta femme, de tes enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Tu vas à présent pouvoir te reposer et continuer à nous nourrir et à nous inspirer.

Le travail et l’honnêteté t’ont façonné et tu as su nous transmettre ces piliers.

Nous te demandons humblement pardon pour toutes les offenses que nous avons pu te faire, sachant comme cela a pu parfois te peiner sans mot dire de ta part.

Nous sommes tellement humains.

Tu as aimé tellement ton pays, la France, que tu en souffrais parfois, tu as été tellement fier de servir sous son drapeau, ces décorations ce sont les tiennes, signe de reconnaissance de la nation.

Ce jeune lieutenant issu des rangs de Saint-Cyr et de la promotion "Terre d’Afrique" a parcouru un long chemin.

Ces feuilles de chêne sur ton képi, sont en nous comme ton arbre totem. Les corps passent, mais les âmes restent.

Papa, tu es une belle âme, tu peux à présent te reposer en étant sûr que nous protégerons ta chère et tendre Juliette.

Oui nous sommes tristes, mais nous devons nous montrer à la hauteur de celui que tu étais, soyons sobres, intériorisons nos peines et que ces sarments qui jaillissent de ton tronc se renforcent année après année pour continuer à faire grandir ta plus belle œuvre : votre famille papa et maman.

Pace salute.