Jacques VOGE (6 février 2019)


Nous avons le regret de vous faire part du décès du colonel Terre/ABC Jacques VOGE, le 6 février 2019.

Jacques était issu de l’ESMIA, promotion "Ceux de Dien Bien Phù" (1954-1955). Il avait fait au préalable un séjour en Indochine, comme jeune officier de cavalerie de réserve.

Il sert en Algérie et il commandera le 12e régiment de cuirassiers à Müllheim (FFA). Après quelques années au SIRPA, il prendra prématurément sa retraite et se reconvertira dans le privé où il réussira remarquablement en étant le DRH du Groupe André (les chaussures) qu’il quittera le 30 juin 1995 après 11 ans dans cette fonction.

Il jouait au bridge en parties libres avec des amis (Jacques Pigeaud, Michel Barbier, Yves Bourguignat…) jusqu’à ce qu’il rejoigne la résidence des Monts d’Aurelle, maison de retraite médicalisée à Montpellier-Euromédecine.

 

Les obsèques ont été célébrées le lundi 11 février en l’église de Saint-Mathieu-de-Tréviers.

C’est son ami et camarade de promotion, le général Yves Bourguignat, qui a prononcé l’éloge de Jacques (lire ci-dessous).

Jacques était officier de la Légion d’honneur et pour lui rendre hommage, le médecin en chef (h) Jean-Pierre Reynaud, président du Comité de la SMLH du Pic Saint-Loup, était présent avec le drapeau du comité.


Hommage au colonel Terre/ABC Jacques VOGE

par son ami et camarade de promotion, le général 2s Yves BOURGUIGNAT

 

Je n'ai pas connu Jacques à Coëtquidan alors que nous sommes de la même promotion car nous étions très nombreux, plus de 700. Et quand je l'ai connu, j'ai d'emblée été frappé par sa convivialité : il était un homme affable, accueillant, ouvert.

Il était l'ami de tous et n'avait pas d'ennemi. Je n'ai jamais entendu quiconque dire du mal de lui. Puis, j'ai découvert sa personnalité : intelligent, cultivé, travailleur. Il a prouvé ces qualités en réussissant sans problème les concours d'entrée à l’ESMIA de Saint-Cyr, à l'École d'état-major puis à l'École supérieure de guerre.

Il était aussi un homme de grande conviction, très attaché aux valeurs fondamentales de notre modus vivendi. C'était un patriote. Il l'a montré en partant à 20 ans, jeune maréchal-des-logis, en Indochine où il s'est brillamment comporté, notamment lors de la bataille de Vinh Yen, en brisant, avec son peloton de chars aux équipages exclusivement vietnamiens, l'encerclement du poste qui, sinon, était voué à la mort. C'est de Lattre lui-même qui l'a décoré pour ce brillant fait d'arme. Mais ses convictions ne l'empêchaient pas d'être tolérant. 

Il était un homme d'action qui a fait un parcours sans faute, terminant par le commandement du 12e Régiment de cuirassiers.

À l’issue de ce commandement, officier de la Légion d’honneur, il fait le choix de quitter l'armée.

Il entame une deuxième carrière. Il se spécialise dans la gestion des ressources humaines d'abord chez Liebig où tout allait bien grâce à ses qualités d’adaptation. Mais le groupe est repris et le nouveau PDG dit à Jacques : "Monsieur Voge, je ne peux pas vous garder car j'ai déjà un DRH, mais avant de nous quitter, je veux faire avec vous la visite des sites Liebig". Jacques a été accueilli partout avec une telle chaleur par tout le personnel, des directeurs aux délégués syndicaux, que le repreneur lui dit : "Jacques je vous garde". Beau compliment et c'est ainsi qu'il est entré au groupe André (les chaussures) où il est resté 12 ans dans les fonctions de directeur des ressources humaines. Et au moment de partir définitivement en retraite, il a connu le même scénario. Au cours de la cérémonie de départ, syndicalistes en tête, les salariés, lui barrant le passage, ont scandé des slogans du genre "Mr Voge, on vous garde", "pas de retraite pour Mr Voge" , etc.

Il était aussi un homme courageux. Il l’a notamment montré ces derniers temps, ne se plaignant jamais et gardant le sourire, alors qu’il souffrait des séquelles de deux opérations de pose de prothèse de hanche. Puis pendant de longues semaines, supportant difficilement le port d'un corset qui lui enserrait le buste, il luttait contre la maladie de Parkinson.

Voila une belle figure, une belle personnalité digne d'estime et de respect.