Jacques PIGEAUD (21 février 2020)


Nous avons le regret de vous faire part du décès du général Jacques PIGEAUD, le 21 février 2020 à l’âge de 97 ans. Il était notre doyen.

Le général PIGEAUD était entré à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1941, alors installée en zone libre à Aix-en-Provence. Il était de la promotion Charles de Foucault (1941-1942).

En 1942, quand les Allemands ont envahi la zone libre, le jeune Saint-cyrien a rejoint l’armée d’Afrique, via l’Espagne. Intégré au 1er Régiment de cuirassiers, il a fait le débarquement de Provence puis les campagnes de France et d’Allemagne où il a été blessé. Ce grand soldat fait partie de la génération de nos anciens qui ont enchainé 2e Guerre mondiale, guerre d’Indochine et guerre d’Algérie.

Il a commandé le 6e Régiment de cuirassiers à Laon.

Promu commandeur de la Légion d’honneur l’an dernier, c’est le général 2s Jean KIEFFER qui lui a remis la cravate à la maison de retraite médicalisée où il était depuis quelques temps.

 

La messe a été célébrée le 26 février 2020, en l’église de Causse-de-la-Selle.


Éloge du général Jacques PIGEAUD

en l’église de Causse-de-la-Celle le 26 février 2020

par le général 2s Yves BOURGUIGNAT

 

JACQUES était mon ami, mais pour moi, il était aussi et surtout le type même de l'officier. D'emblée, il s'imposait par sa stature, son autorité naturelle, sa lucidité, son réalisme, son esprit de décision, son caractère ouvert et convivial. Il inspirait confiance.

Mais il n'était pas que cela : il était un homme droit, honnête, patriote, pas ringard du genre cocardier, mais animé d'un réel amour de sa patrie.

Il était prédestiné à entrer dans l'armée. Ce qu'il fit en réussissant, à 19 ans en 1941, le concours de Saint-Cyr, école installée à Aix-en-Provence depuis l’occupation allemande. Après l'invasion de la zone libre en 1942, l'école ferme ses portes et Jacques veut continuer le combat. Il choisit de gagner le Maroc via l'Espagne ou il est incarcéré en "prison" quelques semaines. Il arrive en Afrique du Nord, il intègre l'armée d’Afrique, au 1er Régiment de cuirassiers avec lequel il fera le débarquement de Provence en août 1944 avant d’enchaîner les campagnes de France puis d'Allemagne où il sera blessé et cité. 

Ensuite, il sera instructeur à Coëtquidan, et comme les soldats de sa génération, il enchainera les guerres d'Indochine où il sera cité et d’Algérie où il sera à nouveau blessé et cité.

Lors d'une affectation dans le Constantinois, il fera la connaissance de Claude, sa future femme, qui l'accompagnera et l'épaulera tout au long de la suite de sa carrière.

Finie alors la vie opérationnelle : École d'état-major, État-major des armées en tant qu’officier chargé des relations avec les attachés militaires étrangers, fonction dans laquelle sa parfaite maitrise de la langue anglaise l’aide beaucoup, puis chef de cabinet du général commandant la division militaire de Montpellier, stagiaire à l'École de guerre américaine de Fort Leavenworth, retour en France pour commander le 6e  Régiment de cuirassiers à Laon-Couvron, état-major de Berlin et pour finir affectation à SHAPE à Bruxelles en 1978 où il négocie avec les USA et l'OTAN le transport et le soutien du 2e REP à KOLWÉZI. Mission bien réussie.

Il est promu général et prend sa retraite.

C'est quand j'ai moi-même pris ma retraite que j'ai connu Jacques. J’ai tout de suite été séduit par sa convivialité, son rayonnement, sa vitalité, son sens de l'accueil, son ouverture d'esprit, ses connaissances illimitées servies par une mémoire d'éléphant et son grand humour.

Il avait l'art de la conversation avec le mot juste ; il était toujours intéressant ou amusant, voire les deux simultanément.

Il était aussi très actif, grand marcheur, joueur de tennis très apprécié car très fairplay, de même qu’au bridge où il excellait.

C'était aussi, dans son genre, un homme du terroir, un gentleman farmer. Avec Claude, il recevait merveilleusement bien : réveillon, dîner, diner-bridge, dîner sur le pouce, soirées dansantes...

Voilà Jacques tel que je l'ai connu. Voilà le souvenir que je vous souhaite de garder. Oubliez ces derniers mois qui ont été atroces pour lui, pour Claude, pour sa famille, ses amis. Souvenez-vous du grand Jacques, car Jacques était une personnalité,

Mais plus qu’une personnalité, Jacques était un PERSONNAGE.