Jacqueline PIGEYRE (3 août 2018)


Nous avons le regret de vous faire part du décès de Jacqueline PIGEYRE, le 3 août 2018. 

Elle était la veuve du chef d’escadron de gendarmerie Louis Pigeyre, décédé le 15 décembre 2008.

Jacqueline avait 92 ans ; elle était à la maison de retraite Jean Péridier à Montpellier. Notre équipe sociale la rencontrait régulièrement quand elle visitait nos adhérentes présentes dans cet établissement. 

Jacqueline s’est éteinte dans une grande sérénité, entourée de sa famille.

Les obsèques ont été célébrées le mardi 7 août à 9h30 en l’église Sainte Jeanne d’Arc à Montpellier.


Hommage à Jacqueline PIGEYRE

par le général 2s Jean Conrié

en l’église Sainte Jeanne d’Arc, le 7 août 2018

 

Quand la famille de Jacqueline Pigeyre m'a proposé de dire quelques mots pour évoquer sa personnalité, je n'ai pas hésité une seconde car Jacqueline était pour moi une amie très chère.

J'appréciais sa patience, sa douceur, sa modestie et sa générosité.

Je ne citerai qu'une anecdote. Lorsque mon épouse était au plus mal et en fin de vie, Jacqueline lui envoyait périodiquement une carte exprimant sa solidarité, sa compassion mais aussi son espérance et ses encouragements amicaux. Pour éviter toute réponse qui aurait pu ajouter de la fatigue, elle signait anonymement ''une amie''. Nous avons cherché longtemps qui était cette amie. C'est tout récemment que j'ai appris que cette amie pleine de délicatesse était Jacqueline.

Quand on parle de Jacqueline, il est difficile de ne pas l'associer à Louis, son mari. Ils se sont connus assez jeunes. Elle travaillait à la gare de Montpellier comme secrétaire au service des colis et lui faisait les livraisons.

Assez rapidement, durant l'occupation allemande Louis, qui n'avait aucune notion du danger, l'entraîna comme ''petite main'' dans la Résistance. C'est ainsi qu'ils furent arrêtés lors d'une mission de transport de tracts et incarcérés. Ils ne durent leur libération qu'à l'influence de hauts fonctionnaires qui firent jouer leur jeune âge.

Jacqueline suivit Louis partout sauf lors de son séjour en Indochine. Elle sut toujours l'accompagner et se hisser au bon niveau lorsqu'il emprunta ''l'ascenseur social''. Elle sut notamment être la femme d'un commandant de brigade de gendarmerie, puis de compagnie et l'on sait quel rôle essentiel joue l'épouse du chef dans la vie en caserne.

Jacqueline était une maîtresse de maison accomplie, attentive et aimante et, ce qui ne gâte rien, une fine cuisinière.

J'ai d'ailleurs souvenance d'un chapon de Noël farci aux marrons des Cévennes, dont la seule évocation fait saliver.

Elle l’accompagnera dans de nombreux voyages collectifs organisés et laissera à tout un chacun un souvenir impérissable.

Il y eut, entre autres, l'aventure du retour du Maroc. Louis avait acheté deux tortues certifiées femelles pour distraire un vieux mâle solitaire régnant dans son jardin. Au moment de franchir à Marignane les contrôles de Police et de Douanes, il les glissa subrepticement dans le sac de Jacqueline qui, innocemment, franchit les obstacles en utilisant le sésame ''Rien à déclarer''.

Bien entendu, arrivés dans le car qui nous ramenait à Montpellier ''l'explication de gravure'' eut lieu dans une ambiance de convivialité que seul Louis savait générer.

Mais Jacqueline avait d'autres talents. Elle composait en particulier des poèmes pleins de sensibilité, de profondeur et d'amour dont un vous sera proposé par ses petits enfants.

Elle adorait la musique et c'est pour cela que nous l'avons accompagnée, en entrée, par le célèbre ''Non, je ne regrette rien'' d’Édith Piaf, dernière chanson qu'elle a chantée avec une de ses petites filles. Nous avons compris plus tard qu'il s'agissait d'un message d'adieu et d'espoir.

C'est ainsi que nous lui répondons, aujourd'hui et ici, pour l'accompagner dans son dernier voyage terrestre, alors qu'elle a déjà rejoint son Louis qui lui a peut-être dit : ''Tu as bien tardé à venir !''.

Chère Jacqueline, c'est avec beaucoup d'émotion que je m'adresse à vous une dernière fois. Tant que vous resterez dans nos mémoires vous serez immortelle.

 

Poème de Jacqueline