François COUSIN (19 juin 2023)


François COUSIN adhérent ANOCR 34-12-48 décédé le 19 juin 2023 anocr34.fr

Nous avons le regret de vous faire part du décès du colonel François COUSIN (fantassin de la promotion de l’EMIA "Cinquantenaire de Verdun" (1965-1966), le lundi 19 juin 2023 à l’âge de 80 ans, à l’hôpital Saint-Éloi (CHU de Montpellier) où il était hospitalisé depuis le 13 juin pour insuffisance respiratoire à la suite d’une infection pulmonaire.

 

Les obsèques seront célébrées en l’église du Crès (Place de l’Église 34920 Le Crès) le lundi 26 juin à 10h.

La bénédiction sera présidée par son camarade de promotion, le colonel (er) Blaise de SÉRÉSIN, ancien aumônier militaire et diacre du diocèse du Tarn-et-Garonne.

 

François a servi comme chef de section au 9e RCP à Pamiers puis a fait une carrière dans l’ALAT. Il a commandé le 6e RHC de Compiègne de 1988 à 1990 et a terminé comme professeur "aéromobilité" à l’École supérieure de guerre dont il était breveté.

François, veuf depuis fin 2003, vivait dans la commune du Crès (métropole de Montpellier) depuis sa mise à la retraite en 1995. Après le décès de son épouse Annick, fin 2003, il avait conservé ses activités de randonneur avec l’ANOCR.

Puis en 2016, alors qu’il était seul chez lui, il a fait une chute dans les escaliers et il est resté 36 heures baignant dans son sang, le bras coincé sous lui et un bon moment inconscient avant que les pompiers ne le secourent. Il en a gardé de graves séquelles et n’a plus voulu reparaître en public. Ces dernières années, après quelques hospitalisations pour lui redonner du confort, notamment sur le plan respiratoire, il vivait reclus chez lui, sous oxygène.


Nous étions huit de la promo à entourer Laurence et Béatrice, les filles de François et Annick COUSIN :

- Blaise de Sérésin qui a présidé la cérémonie religieuse, en l’église du Crès, même section à Coët (1/3 Vallin), venu du Tarn et Garonne,

- Catherine Walter en se souvenant qu’Éric était un ancien ALATman, ensemble au GALDIV de Fribourg chacun commandant son escadrille,

- Jean-Claude Mathevet, même section à Coët et ancien de l’ALAT,

- Sylvio Sapet, même section à Coët, venu de Marseille avec Corinne,

- Soazig Labarbarie (absente de la photo), Bernard étant en maison de retraite médicalisée,

- Jean-Pierre Le Roux venu de Nîmes,

- Danièle Rostain accompagnée d’Alain Groell (Corse et Provence),   

- Claude Gradit avec son épouse Annick.

En outre sur la photo Thierry Porteu de La Morandière (Corse et Provence) et son épouse Évelyne. Thierry et François avaient un parcours parallèle dans l’ALAT et ils étaient amis de longue date.

Jean Nichon, Jean-François Pinaud, Jean-Pierre Polge, Albert Bezançon (même section à Coët) et Eugène Risdorfer de Issdentzi, retenus par des examens médicaux ou autres impératifs, s’étaient excusés de ne pouvoir se joindre à nous.

 

Selon la volonté du défunt, il n’y a eu aucun décorum : pas de fleur, pas de linceul tricolore et les porte-drapeaux, pourtant présents, ont dû laisser repliées leurs bannières. Nous avons chanté La Prière de l’EMIA autour du cercueil dans le chœur.

Outre Blaise, les hommages ont été rendus par moi-même au titre de la promo et de l’ANOCR dont il était adhérent depuis 25 ans, par Thierry Porteu et par les filles de François (textes sous la photo).

Les rangs s’amenuisent inexorablement ? Haut les Cœurs.

Amitiés,

Claude Gradit


Éloge du colonel François Cousin

en l’église du Crès, le 26 juin 2023

 

Cher François, Cher camarade de promo, Cher ami,

Je vais être bref pour que tu ne t’énerves pas trop car je sais que tu ne fais pas partie de la caste des flagorneurs. 

Mais pour ta famille et tes amis, présents et surtout à l’attention de tous ceux qui n’ont pu faire le déplacement, l’âge devenant un frein contraignant, je me dois au triple titre d’ami, de président de notre promotion EMIA "Cinquantenaire de Verdun" (1965-66) et de président d’honneur de notre groupement ANOCR de te rendre hommage. Hommage avant tout au soldat, à l’officier car ton ami Thierry et tes enfants témoigneront par ailleurs.

Tu as rejoint l’École militaire de Strasbourg, notre premier creuset, tu avais 21 ans depuis quelques jours et tu as réussi tous les concours avec aisance : l’EMIA mais aussi le diplôme d’état-major et le brevet de l’École de guerre. Tu as une des carrières des plus abouties de notre promotion.

Après un temps de chef de section au 9e RCP comme sous-lieutenant et lieutenant avec projection en Nouvelle-Calédonie, tu choisis de servir dans l’aviation légère de l’armée de Terre. Tu y obtiendras les qualifications d’observateur-pilote et de moniteur-pilote hélicoptère. On t’y confiera les affectations les plus enviées de cette belle spécialité, devenue une arme à part entière : commandant d’escadrille de combat, instructeur "combat et vol tactique" à l’École d’application de l’ALAT au Cannet-des-Maures (Var), chef de la section "Emploi" du COMALAT à Villacoublay (Yvelines), commandant en second du 6e régiment d’hélicoptères de combat (RHC) à Compiègne (Oise), directeur du cours des capitaines à l’EALAT, chef de corps du 6e RHC, chef du bureau "étude et prospective" du COMALAT et enfin professeur du cours "aéromobilité" à l’ESG (École militaire à Paris). Inutile de dire qu’un tel parcours exigeait des qualités de tout premier ordre.

Tu es rayé des contrôles le 2 mars 1998 et tu t’installes avec Annick au Crès.

Tu es chevalier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite.

J'ai apprécié dès nos débuts strasbourgeois ta rigueur morale et tes exigences éthiques.

Ton fort potentiel a fait le reste. Tu aurais même pu faire partie des quelques généraux de notre promotion. Mais tu étais et c’est tout à ton honneur de ceux qui ont persisté à ne pouvoir s'accommoder de l'à-peu-près. Et malgré ton élégance de caractère et ta droiture, tu étais parfois un bel exemple de poil à gratter. Quelles que furent tes obstinations, tu as été une des plus belles figures d'officier IA.

Après une vie intense de retraité, notamment jusqu’au décès de ta très regrettée Annick, tu t’es replié sur toi-même et ne participais plus qu’aux randonnées de l’ANOCR. Peut-être avais-tu retrouvé le plaisir de reprendre les pinceaux pour compléter la collection de tes magnifiques tableaux naïfs qui ravissaient tout visiteur qui mettait les pieds chez vous.

Après ton accident en 2016, qui t’a laissé de graves séquelles, tu as affronté la vie avec une philosophie dérangeante, ne te plaignant pas, gardant ton sourire mais ne cédant rien avec ton humour décapant.

Á Dieu cher François, repose en paix.

Au nom de l’ANOCR et de notre promotion, je renouvelle à tes filles Laurence et Béatrice et à ta famille nos sincères condoléances et l’expression de notre affection.

Claude Gradit


Cher François,

Il y a 20 ans dans cette même église nous célébrions les obsèques d’Annick partie dans tes bras dans votre maison de la rue Maguelone.

Le temps était à ton image : dévasté ! Montpellier et sa région étaient en vigilance rouge et il était demandé de rester chez soi et de ne pas se déplacer en voiture. Or nous étions à 2 h de route.

Je t’ai donc appelé à 7 h pour te dire qu’il n’était pas raisonnable de nous mettre sur la route…

Tu m’as tout de suite interrompu « hors de question que tu ne sois pas là. Tu ne peux pas me faire ça. Il n’y a pas de discussion. D’ailleurs ici il ne pleut pas !!! » Nous sommes presque miraculeusement arrivés sous des trombes d’eau mais n’avons jamais pu repartir le soir.

Je ne suis pas sûr que tu nous aurais pardonné notre absence.

Voilà c’était toi le François exigeant qui s’était exprimé. L’homme au caractère affirmé, au caractère entier. On dit souvent que les gens de caractère ont mauvais caractère. Te concernant, je pense plutôt que les valeurs fortes que tu as toujours défendues ont donné à ta vie une vraie colonne vertébrale, solide, inoxydable, inflexible mais avec en contrepartie… une intransigeance vécue difficilement et même douloureusement par ton entourage, par celles et ceux qui, à travers vents et marées, t’ont accompagné, par celles et ceux qui t’aiment.

Il t’arrivait pourtant de fendre l’armure, de laisser une brèche dans le rempart dont tu t’entourais. Celles et ceux qui te connaissent bien savent que ton attitude, l’image que tu donnais, masquait en réalité le François pudique, celui refusant de se montrer tel qu’il était en fin de vie, se réfugiant tel un ours dans sa tanière, le François sensible…, émotif… le François à la larme facile, notamment en évoquant Annick, et même le grand-père pouvant être attendri, n’est-ce pas Marie.

Le François plein d’émotions devant la beauté : celle des tableaux, des monuments, des chefs d’œuvre, celle des paysages, plein d’émotions en écoutant la musique plus spécialement les opéras qui étaient ta passion, cette musique qui t’a accompagné jusqu’au bout.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce que nous avons partagé, mais tu n’aimerais ni les voir étalées… ni que je sois long…

Alors un seul vieux souvenir qui est l’image que je garderai, car pour moi elle te ressemble : celle de toi ramassant à chaque session de préparation à l’école de guerre à Draguignan un ou plusieurs gros cailloux (il y a prescription). Rentré chez toi tu les décorais en peignant sur chacun d’eux, suivant la forme, des fleurs, des paysages, des animaux … car tu avais un vrai talent de peintre, tes tableaux naïfs en témoignent.

Ces cailloux c’était bien toi : la poésie et la sensibilité reposant sur un socle solide et dur, qui si l’on s’y heurte peut faire bien mal avant que l’on n’aperçoive la beauté qui le recouvre.

Tu as désormais retrouvé Annick connue très jeune. Reposez en paix tous les deux et que sainte Clotilde patronne de l’ALAT t’accompagne dans ton dernier vol.

À Dieu cher François.

Thierry Porteu de La Morandière


Télécharger
Hommage de Laurence et Béatrice.pdf
Document Adobe Acrobat 55.0 KB