Randonnée de Campestre-et-Luc (23 mars 2021)


Randonnée de Campestre-et-Luc le 23 mars 2021 anocr34.fr

Lundi, à la lecture du sondage, nous savions déjà que nous aurions une forte participation. 20 personnes s’étaient inscrites, et nous aurions pu être plus nombreux si…

Le point de départ de notre randonnée se situait près de la colonie pénitentiaire agricole de Le Luc. Et tout le monde se trouva au bon endroit, à l’heure. Le ciel était d’un bleu pur, sans nuage et le soleil nous promettait déjà une excellente journée. Pas un souffle de vent contrairement à mardi dernier lors de la reco.

Pendant que nous nous préparions, Monsieur François GARCIA, locataire à la ferme, nous rejoignit et se proposa pour nous guider dans l’ancienne colonie agricole pénitentiaire et pour nous en faire l’historique. L’occasion était trop belle, nous ne pouvions qu’accepter. Pour la première fois nous allions pénétrer dans l’enceinte de cette fameuse colonie. À l’en croire ce n’était pas ce que beaucoup écrivaient sur cet établissement. D’après lui ce n’était pas évidemment une colonie de vacances mais ce n’était pas non plus un goulag, un bagne, un camp de concentration. Il nous autorisa à prendre des photos et à faire voler le drone.

La colonie fut créée par M. MARQUÈS du LUC en 1856 ; il était propriétaire d’un grand domaine sur le Causse et conseiller régional du Gard. C'était un établissement privé agréé. Le Luc accueillera des enfants difficiles de l’assistance publique, des orphelins jusqu’en 1929, date à laquelle la colonie fermera définitivement.

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Plan du goufre Saint-Ferréol anocr34.fr

Sur les terres du Luc s’ouvre un impressionnant aven (l’abîme de Saint-Ferron ou, dans l’appellation locale, Saint-Ferréol) d’une soixantaine de mètres de profondeur aux parois verticales. Au pied de cet aven s’ouvre une grande salle dans laquelle fut décidé d’aménager une fromagerie. MARQUÈS du LUC avait des projets ambitieux qui aboutirent à des travaux gigantesques auxquels les colons ont dû prêter leurs bras, mais sans aller jusqu’à creuser le tunnel au pic comme le relatent trop souvent les « on dit ».

De Le Luc Bas nous nous sommes orientés plein nord pour rechercher la doline (cuvette de dépression) d’où démarre la galerie menant au gouffre Saint-Ferréol ou St-Ferron où avaient été aménagées les caves d’affinage des fromages. Nous eûmes à franchir quelques barrières closes avant de dénicher la cuvette. Là, un sentier en colimaçon nous mena 45 m plus bas à l’entrée de la galerie percée dans la roche. À l’entrée une inscription sinistre existait encore en 2018 (aujourd’hui caviardée) :

« Mes chers amis

Prenez la fuite

Ne restez pas au Luc

Un colon .(illisible) »

Ainsi qu’une autre :

« On n’oublie pas le bagne du Luc ».

Équipés de nos lampes nous nous sommes engagés dans la galerie, nous enfonçant de plus en plus dans l’obscurité. Après avoir parcouru 220 m sur un sol à faible déclivité (~ 10 %), passant de – 45 m à – 65 m, nous nous sommes retrouvés au sommet d’un escalier aux marches de pierre parfaitement taillées. Courageusement nous l’avons descendu pour explorer le fond de la caverne situé 15 m plus bas. Des madriers et des poteaux de bois jonchant le sol rappelaient les claies où les fromages étaient affinés. La température y était assez fraîche.

De retour à la surface, la randonnée reprit. Les bâtiments en ruines de la fromagerie apparurent au milieu de la végétation. En haut de l’aven une bâtisse de 6 étages est bâtie, plaquée sur la paroi verticale. Dans la pièce inférieure une grande ouverture fait face au vide car on ne pouvait accéder à la cave 60 m plus bas qu’avec un treuil toujours visible aujourd'hui.

Détails sur la fromagerie ICI.

Il fallait nous remettre en route pour rejoindre Campestre-et-Luc. À mi-chemin nous découvrîmes deux cazelles (équivalent de nos capitelles). La seconde, la cazelle de Candet, est d’une architecture toute particulière avec ses deux salles : une pour protéger le troupeau et la plus reculée pour le berger et son chien.

Puis direction plein nord pour atteindre le point le plus septentrional de notre randonnée : Campestre-et-Luc. C’est vers 12 h 30 que nous entrâmes dans l’église Saint-Jean-Baptiste. Une plaque en souvenir des morts de la première guerre nous apprit qu’un certain lieutenant Charles MARQUÈS du LUC mourut en 1918. Un descendant donc du « philanthrope » qui créa la colonie pénitentiaire. À noter qu’un M. MARQUÈS du LUC était maire de Campestre de 1959 à 1995. La place devant l’église lui est consacrée. C’est dans un petit parc attenant à l’église que nous nous installâmes pour pique-niquer en nous répartissant sur les bancs et les tables.

Là, nous aurions bien aimé prolonger notre pause au soleil mais il fallait reprendre la route. Un peu plus tard nous pouvions apercevoir les toits du petit village de Le Salze. C’est un hameau où est implanté un château à trois tours datant du XVIe siècle et entouré de maisons de pierres nues.

Le retour aux véhicules se fit à travers une zone découverte, sous le soleil. La température oscillait autour des 16° C.

Il était 15 h 30 lorsque nous arrivâmes aux « camions », heureux de cette belle escapade de 16,3 km pour un dénivelé de 289 m.

Jean DUBEAU

 

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