Yves BOURGUIGNAT (28 décembre 2023)


Yves Bourguignat adhérent anocr 34-12-48 décédé le 28 décembre 2023 anocr34.fr
Yves Bourguignat le jour de ses 90 ans

Nous avons le regret de vous faire part du décès du général Yves BOURGUGNAT, le 28 décembre 2023, à l’âge de 92 ans.

Yves, veuf depuis novembre 2000, est mort à son domicile entouré de ses deux enfants, Serge (colonel (er) de l’armée de l’Air) et Stéphanie.

Le général BOURGUINAT, de la promotion de Saint-Cyr "Ceux de Diên Biên Phu" (1953-1955), avait choisi l’arme de l’infanterie.

Il sert en Algérie dans un commando de chasse avant d’être affecté à l’EMIC (école militaire d’infanterie de Cherchell) où sont formés les futurs chefs de section. Il est lieutenant-instructeur.

Breveté de l’École supérieure de guerre, il sera commandant de brigade au GPO (groupement de perfectionnement des officiers) à l’EAI avant de commander le 152e RI à Colmar, "Les diables rouges", magnifique régiment mécanisé.

Il commandera à l’issue le SCMT (service de la coopération militaire technique) au Maroc et finira sa carrière en tant que chef de corps de l’énorme entité qu’est l’École militaire de Paris.

En 2e section à Montpellier, Yves BOURGUIGNAT participait aux nombreuses activités de l’Amicale des anciens de l’EAI dont il avait été président, et à l’ANOCR. Il était aussi très impliqué dans des tournantes de bridge amicales.

 

Les obsèques ont été célébrées le 4 janvier 2024 en l’église Sainte Bernadette de Montpellier, suivies d’une inhumation dans l’intimité familiale au cimetière Saint Lazare.

 


4 janvier 2024 Obsèques d'Yves Bourguignat adhérent ANOCR 34-12-48 décédé le 28 décembre 2023 anocr34.fr

Éloge militaire du général Yves Bourguignat

par son beau-frère, le général 2s Philippe Le Hénaff

en l’église Sainte Bernadette de Montpellier le 4 janvier 2024

 

Le général Yves Bourguignat est né en 1931 à Versailles et il a fait de si mauvaises études secondaires qu’il n’avait plus qu’un an pour préparer au lycée Hoche de Versailles, le concours de l’ESM Saint-Cyr Coëtquidan avant d’être atteint par la limite d’âge.

Il s’est alors ressaisi, a cravaché et a intégré, certes en sur-liste, mais il a intégré la promotion "Ceux de Dien Bien Phu" (1953-1955).

À la sortie de l’École, il choisit l’infanterie et opte ensuite pour l’infanterie mécanisée. 

Lors de son séjour en Algérie, au 110e RI motorisé où il commandera la même compagnie d’appelés pendant 2 ans, comme sous-lieutenant puis lieutenant, il obtiendra 3 citations à l’ordre de la division.

Ensuite aux FFA, il commandera la compagnie d’éclairage de la brigade rattachée au 42e RI pendant 6 mois.

Retour en Algérie pour commander un commando de chasse pendant 18 mois. Au moment du cessez-le-feu, tous ses harkis étant rentrés dans leur bled, chez le Bachaga Boualem, alors libéré, Yves put être muté à l’École militaire d’infanterie de Cherchell puis à Montpellier, jusqu’en 1964.

Sa carrière alternera alors entre séjours en écoles comme stagiaire - École d’état-major en 1964 puis École de guerre 1970-1972 - et comme instructeur - l’EAI 1967-1970 puis 1976-1978 - et affectation en régiments mécanisés : 35e RI, 15.1 où, chef de BOI, il a rencontré un jeune et brillant officier tellement digne de confiance qu’il a épousé sa petite sœur, et bien sûr le 15.2 qu’il commandera de 1978 à 1980.

Il est ensuite affecté au BOI du 3e CA, à Saint-Germain-en-Laye, puis désigné comme chef du service de coopération militaire et technique près l’ambassade de France au Maroc.

In fine, Yves sera CEM de la direction de l’enseignement militaire supérieur de l’armée de Terre et de l’École de guerre. Il quitte le service actif en 1988.

Officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, il était titulaire de la Croix de la Valeur Militaire avec 4 citations.

Retiré à Montpellier, il y a mené une vie sereine, partagée entre le sport (tennis et golf), le bridge, les sorties amicales avec ses nombreux amis, et la vie associative. Il était délégué de la promotion Ceux de Dien Bien Phu pour le Languedoc-Roussillon.


Hommage à son père par Serge Bourguignat

 

Mon très cher père,

J’ai le bien triste privilège de retracer ta vie.

De prime abord, elle semble marquée par la chance :

Chance de naître troisième d’une fratrie extraordinairement soudée et aimée des trois sœurs suivantes malgré vos quelques facéties, et du petit dernier, qui a complété cette fratrie avec bonheur.

Chance de vivre à Versailles, où tu as pu recevoir à Saint Jean de Béthune une formation scolaire et surtout morale et éthique que tu savourais au point de redemander la même l’année suivante.

Chance de pouvoir présenter et réussir le concours de l’ESM Saint-Cyr, de pouvoir choisir l’arme que tu voulais : l’infanterie, pour rejoindre non plus la défense de la France en Indochine, mais en Algérie.

Chance de traverser la guerre d’Algérie en tant que commandant d’unité sans une blessure physique au combat, bien que ceux-ci furent nombreux et éprouvants au cours de ces quatre années en opération.

Immense chance de rencontrer Maman alors que tu étais encore marqué par ces années d’engagement intense.

Chance de pouvoir compter sur une famille unie et des amis dévoués dans les moments tragiques.

Chance de te voir attribuer le commandement d’un régiment prestigieux, le 15.2 à Colmar.

Chance d’être nommé général, ce dont tu tirais une fierté bien légitime.

Chance de trouver le terrain sur lequel toi et maman avez fait construire la maison dont vous rêviez.

Chance d’avoir une fille dévouée qui t’accompagnait dans tes voyages touristiques qu’elle nous avait préparés et que tu savourais, ainsi que dans tes voyages inopinés aux urgences.

Chance de tomber sur des médecins et un personnel médical compétents et engagés pour ton bien, dont certains sont parmi nous en cet instant, qui t’ont permis de vivre et savourer de nombreuses années supplémentaires.

Tout cela ne serait que chance ?

Tu nous le rappelais souvent : « la chance se mérite ».

C’est là l’héritage précieux de Pap’s et Mam’s qui t’ont transmis les vertus de la famille que tu sauras mettre à profit tout au long de ta vie.

En tout premier lieu, un incommensurable amour de la vie, savourant d’être avec ta famille, tes amis, tes frères d’arme, autour d’un apéritif, éventuellement téléphonique, d’un bon repas, d’un bridge ; goûtant le plaisir de faire, des voyages avec, là encore ta famille ou des amis, mais aussi des choses plus simples comme entretenir ton jardin, faire des longueurs dans ta piscine pour justifier un bon bain de soleil. Cette vertu nourrissait et se nourrissait des suivantes.

L’amitié, nous sommes nombreux ici présents physiquement et en pensée pour en témoigner.

L’altruisme vis-à-vis de tes frères d’arme puis avec tes engagements à Jeunes équipes en travail (JET) et la Société Saint Vincent de Paul.

Le goût de l’effort, car ne nous voilons pas la face, réussir son baccalauréat puis le concours de Saint-Cyr a nécessité bien des efforts intellectuels, tenir en opération, bien des efforts physiques, enfin, surmonter les aléas de la vie, bien des efforts de volonté.

Un sens militaire, développé à Saint-Cyr, renforcé et confirmé en opérations, reconnu tant par tes chefs que tes subordonnés qui avaient confiance en toi, gage de réussite de tes actions militaires. Cette expertise militaire, tu l’as transmise à de nombreux stagiaires qui t’en sont reconnaissants.

L’exemplarité, que ce soit dans les valeurs morales, dans le comportement, dans la tenue, qui suscitait l’admiration et l’adhésion.

La détermination et la volonté de « ne pas subir », la devise du 15.2, qui t’a animé pendant toutes ces années de maladie, soutenu par ta famille, tes amis et un personnel médical dévoué. Très récemment, à peine sorti de l’hôpital et encore très faible, je t’ai surpris à balayer le jardin « parce que c’est à faire et je veux m’entretenir » !

Une indéfectible tendresse pudique dont toute l’intensité ne se manifestait que dans les moments paroxystiques, pour ta famille et tes amis. Elle t’a conduit à endurer, pour nous.

Enfin, une volonté de transmettre. Surtout transmettre l’héritage familial des valeurs qui nous ont conduits Stéphanie et moi, à t’accompagner aussi bien que nous le pouvions, pendant ces 23 années de veuvage.

En définitive, si la chance t’a spontanément souri lors de l’investigation d’une mechta, pour ta rencontre avec maman et lors d’une hospitalisation d’urgence ainsi que pour une convalescence, elle a surtout répondu à tes mérites, fruits de tes qualités.

Permets-moi donc de porter ce jugement que, je n’en doute pas, nous partageons tous : tu as bien réussi ta vie.

Haut les cœurs.