Lucie BASSET (22 janvier 2018)


Nous avons le regret de vous faire part du décès de madame Lucie BASSET, le 22 janvier 2018 à l’âge de 98 ans.

Lu, diminutif utilisé par tous ses amis et ils sont nombreux, était une personne très gaie, toujours partante pour participer aux nombreuses activités des associations principales où elle était fidèle : l’ANOCR en tant que veuve de capitaine et l’ANFEM.

La photo ci-contre a été prise en juin 2016 au restaurant des Amoureux (lac de Cécélès).

Nous savions que Lu allait nous quitter. Elle avait confié à son entourage qu’elle était prête.


Éloge de madame Lucie BASSET (1919/2017)

par le colonel (er) Paul Chassagneux, président de l'ATDM 34

le 29 janvier 2018 à Grammont (Montpellier)

 

C'est un hommage exceptionnel qui nous rassemble aujourd'hui ; un hommage à une grande Dame, à une femme admirable qui a traversé deux siècles, qui a survécu aux violences, à la cruauté des guerres, qui a honoré son pays et a toujours lutté pour le respect des hommes. 

Lui rendre hommage, c'est regarder en face une tranche de notre histoire, nationale et d'Outre-mer, pour laquelle nous n'avons pas à rougir. Celle que nous appelons affectueusement "Lu" en a vécu les grandes étapes dans des conditions pas toujours faciles.

Lucie BASSET nait en 1919 à Saint-Bauzille-Le-Putois, la même année que de grands artistes : Gérard Oury, Lino Ventura, Pierre Soulage…

Cadette de la fratrie, elle déclare dès l'âge de 6 ans "moi j'irai aux colonies". À 12 ans elle perd sa maman ; elle est révoltée ; Mathilde et Irène, ses deux grandes sœurs qui sont très proches, l'encouragent et l'assistent. Brevet élémentaire en poche puis supérieur avec changement d'orientation ; elle, qui voulait être institutrice, entre à l'école de Sage-femme. Major de sa promo en première et en deuxième année, elle est déclarée "Lauréate" mais, en 1940, son Papa est absent de la deuxième cérémonie.

À 21 ans, elle ouvre un cabinet en Tunisie, rejoint un an plus tard Mostaganem en Algérie puis la maternité de Fès au Maroc où elle reste un peu plus de 3 ans. Elle obtient un poste d'enseignant au Cameroun qu'elle rejoint après un voyage de 3 mois… Et découvre l'Afrique profonde avec ses petits dispensaires, ses coutumes, ses traditions… Et ses secrets, pas toujours bien gardés. Elle y rencontre Robert, officier dans l'artillerie coloniale, "le danseur de rumba" venu dépanner une lampe tempête un soir d'orage à Yaoundé qui deviendra son mari.

En 1947, c'est le départ pour l'Indochine : un engagement dans le Service de santé des armées à Saïgon et une affectation à l'hôpital de première urgence de My-Tho (SO Saïgon) au plus près de la plaine des Joncs dans la fonction d'assistante chirurgicale. Les épidémies de variole et de choléra font rage. Chaque jour de nouveaux blessés arrivent, les décès sont nombreux, les journées sont longues, les opérations harassantes…Mais le moral est bon. Cette jeune sous-lieutenante galvanise son équipe. Sa détermination, ses capacités d'adaptation, son courage lui donnent droit à la Croix du combattant.

 

En 1949 Robert quitte l'armée et entre dans le service des douanes ; direction le Sénégal, la Guinée puis le Niger… Pour toi, ma chère Lu, rien ne change ; tu retrouves les dispensaires, les hôpitaux avec la même joie, la même passion mais aussi les mêmes angoisses, les mêmes appréhensions… Lorsqu'il faut pratiquer des accouchements difficiles ou une césarienne avec 2 lampes torches... Et pourtant : souvent tu nous disais " les Africains m'ont tant apporté ". La patience, la sérénité voire le fatalisme…

De retour en métropole, tu profites pleinement de ta famille, de tes amis et tu t'investis dans plusieurs associations auxquelles tu restes fidèle et pour lesquelles tu cultives la sagesse. La compétence, la liberté, le calme et l'indulgence sont chez toi naturels… Sauf, peut-être, au bridge où quelques partenaires se souviennent encore de tes réparties cinglantes pour une mauvaise annonce…  Quelques jours avant Noël, nous avons partagé souvenirs, tristesse et espérance. Nous savions que c'était la dernière fois ; il te fallait réchauffer l'hiver de ta vie et tu nous as dit : " ma vie a été belle ".

 

Ton enthousiasme, ton dynamisme, ta gaieté et ton extraordinaire amour pour les autres vont terriblement nous manquer. Pour André, Michèle, Caroline, Benjamin, Arthur, Jules mais aussi pour tous les proches c'est une cruelle et douloureuse épreuve. En votre nom à tous,  je les assure de nos amicales et affectueuses pensées.

 

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