Ce qui surprend et éblouit lorsqu’on quitte l’autoroute A 75 depuis Cartels en direction d’Octon, c’est ce paysage où contrastent en cette saison le rouge de la terre avec le vert tendre de la végétation et les couleurs vives des fleurs (le jaune des genets d’Espagne et des pissenlits, le bleu des chardons et des iris et quelques coquelicots) sous un ciel bleu azur avec juste ce qu’il faut de nuages, le tout illuminé par un soleil radieux (qui n’allait pas tarder à nous incommoder par la température qui commençait à monter).
Les véhicules arrivaient les uns après les autres et lorsque tout le monde fut là, l'équipe de randonneurs avait atteint l'effectif de 11 participants. Après s'être équipés tout en échangeant nouvelles et plaisanteries, nous nous mîmes en route dans ce cadre unique. L’air était chargé de parfums et en particulier celui des genêts. En nous déplaçant dans le sens horaire, nous avons contourné le puech Cébérou par le nord pour arriver à l’aire de loisirs et de camping situés en bordure du lac.
Ce lac entouré de collines (puech) d'un rouge brun pose des questions. Ce rouge est dû à la présence d'oxyde de fer et aux ruffes, nom local employé dans l'Hérault pour désigner les terres rouges formées de pélites, roches sédimentaires. Le lac du Salagou est un lac artificiel né de la construction du barrage qui verrouille la rivière Salagou, sous-affluent de l'Hérault. Ce lac avait été édifié pour irriguer les plaines environnantes et réguler le cours de l'Hérault. Une fois le barrage achevé le projet fut abandonné en raison de la crise agricole de l'époque.
En poursuivant, nous avons commencé à grimper pour atteindre le premier palier. C’est ici que nous avions décidé, au moment de la reco, de faire notre première halte. Le cadre était idéal pour la pause-café car il nous offrait un splendide panorama sur le lac et sur les puechs La Sure, Rouens et le Mont Redon au sud, au-delà du lac. On ne pouvait s’éterniser. Après un court palier nous acons attaqué la grimpette toute en virages pour atteindre le plateau de l’Auverne. C’est arrivés à l’extrémité est du parcours qui allait nous amener de 235 m à 147 m d’altitude sur moins de 600 m par un sentier encombré de grosses pierres volcaniques.
C’est au bord du lac, non loin du barrage, que nous avons posé et ouvert nos sacs pour piqueniquer. Ce sont des moments qu’on aimerait prolonger mais l’un d’entre nous, sur un ton péremptoire et sec, lança «Départ dans 3 secondes ! « . Sans objecter, tout le monde remis le sac sur le dos et se remit en route. Nous avons longé la berge nord du lac jusqu’au chemin qui conduit à la chapelle Notre-Dame-des-Clans (*) en prenant garde de ne pas déraper sur ce fin gravillon rouge.
Pas de chemin marqué sur la carte pour longer la rive du lac mais aucune difficulté pour rejoindre le hameau de Celles. Ce hameau fut exproprié à la fin des années 1960 lors de la mise en eau du lac. Ce lac devait atteindre la côte 150, en deux phases, d'abord la côte 139 (niveau d'aujourd'hui) puis la côte 150. Celles se trouvant à la côte 144, le village fut évacué. Mais avec l'abandon du projet d'irrigation le niveau du lac resta à la côte initiale. Ce n'est qu'en 1996 que le département a pris la décision officielle de maintenir définitivement la côte 139.
Nous sommes arrivés à l’aire de loisir où de nombreux catamarans, dériveurs et planches à voiles sont amarrés. Après le grand parking les choses sérieuses ont commencé. Nous devions contourner le puech Cébérou par le sud pour rejoindre les véhicules. Toujours sur ce gravillon et sur des dévers assez prononcés, nous avons dû franchir les nombreux petits talwegs creusés par un quantité de petits ruisseaux. Un sentier scabreux qui disparaissait souvent laissant place au doute. Tant bien que mal, nous avons fini par rejoindre nos véhicules après avoir parcouru 16,58 km avec un dénivelé de 283 m. Il était 15 h 50, il était temps car la chaleur commençait à incommoder certains d’entre nous.
Jean DUBEAU
(*) La légende de Notre-Dame des Clans - Un muletier, une châtelaine et un orage
Une riche châtelaine devait se rendre à l'église de Celles pour la messe du 15 août. A chaque pas, sa vieille mule tractant l'attelage faisait tinter ses grelots (les "clans" en patois).
Pour se rendre à la cérémonie, en ce temps très ancien où le lac n'existait pas, il lui fallait traverser le ruisseau capricieux du Salagou.
Un violent orage d'été fit soudainement monter les eaux. Celles-ci devenaient torrentielles et menaçantes. La dame et son cocher, craignant d'être emportés, prirent peur. La dame se mit à prier la Sainte Vierge, lui promettant de faire construire une chapelle sur les flancs de ces collines, si Elle voulait bien les sauver. Et le muletier d’ajouter que s'ils étaient sauvés, il donnerait "les clans" de sa mule pour le clocher.
Ainsi la mule et l'attelage échappèrent au tourbillon et à la rivière en furie. Châtelaine et cocher s’en sortirent sains et saufs. Et depuis ce temps, la chapelle Notre-Dame des Clans veille sur la vallée du Salagou, et à présent sur son lac. (herault-tourisme.com)