Conférence : Le rôle de la médecine légale lors d'attentats terroristes


Conférence prononcée par le professeur Eric BACCINO, chef du département de médecine légale du CHRU de Montpellier.

 

Retour d'expérience sur l'engagement du département de médecine légale du CHRU de Montpellier lors de l'attentat de Nice survenu le 14 juillet 2016

 

Ce n'est pas ainsi vêtu que nous est apparu notre conférencier mais en tenue de motard (blouson et casque) ce qui sous-entend un homme actif et dynamique. Et cette évidence nous a vite sauté aux yeux tant le témoignage était dense, concret et passionné. 

Cet exposé a décrit l'organisation, dans l'urgence, d'une véritable "opération" de médecine légale visant à aider l'enquête (identification de l'auteur, des victimes...) et à "traiter", autant que faire se peut, les conséquences de ce type d'attentat (indemnisation des victimes...). La France dispose par l'association des services de médecine légale et des unités d'identification de victimes de catastrophe (initiées par la Gendarmerie nationale) d'un dispositif extrêmement performant à cet égard.

 

Ce n'est que depuis 2011 que la médecine légale est devenue un département du CHU au même titre que les autres services. Avant on disait "Institut médico-légal". Surprenant pour nous, ce service ne traite pas uniquement des morts, comme on pourrait le croire, mais il gère chaque année près de 3000 examens de victimes vivantes. Les installations à Lapeyronie ont fait l'objet d'une rénovation et dispose maintenant de locaux d'accueil et d'équipements neufs, modernes et fonctionnels. En effet le service de médecine légale est requis de jour comme de nuit pour examiner les personnes en garde à vue afin de recueillir des indices pouvant aider l'enquête.

Pour faire face à l'attentat de Nice, le professeur Baccino a proposé ses services qui ont été immédiatement acceptés et le 15 juillet, il était sur les lieux. Il a fallu mettre en place des filières "identification-examens des corps" et constituer des équipes médico-légales avec les renforts des équipes des CHU de Montpellier, Marseille, Lyon, Nîmes, Grenoble, Lille avec pour chacune un OPJ et un photographe "identité judiciaire" et tout inventer au fur et à mesure de l'action : comment entreposer les 84 corps dont 10 enfants (ramassage par l'identité judiciaire, appel à des camions frigorifiques réquisitionnés), comment procéder aux autopsies (l'IML de Nice ne suffisant pas) en transférant les corps vers la faculté de médecine, comment les identifier (affectation d'un numéro d'IML) ; il y avait 18 nationalités différentes… Comment gérer la presse, les familles et même les autorités.

Chaque attentat a ses caractéristiques. Nice ne ressemblait pas au Bataclan… mais on en retire, à chaque fois, de précieux enseignements. Et chaque grande métropole tente de les exploiter au mieux par des reconnaissances de lieux adaptés à l'évènement et par des exercices appropriés avec tous les acteurs appelés à réagir. Et le professeur de conclure : si cela devait arriver à Montpellier ou sur son ressort, nous sommes prêts.