Nous nous sommes retrouvés sur le parking face à la mairie de Saint-Bonnet-de-Salendrinque, tout près de l’ancien lavoir. Nous étions 6 cette fois, nettement plus nombreux que lors de la dernière randonnée. Le nom du hameau prête à confusion avec la rivière, toute proche, « la Salindrenque ». C’est une petite commune du piémont cévenol dominée par le château du Castellas qui surveille le val d’Émeraude.
Le château du Castellas date du XIIe siècle. La première place forte fut édifiée sur les vestiges d’un ancien oppidum romain au IXe siècle. Le château, tel qu’il est aujourd’hui, a bénéficié d’une minutieuse réhabilitation, il a été remanié aux XVe et XVIIe siècles.
Nous avons dévalé à travers bois par un sentier étroit et caillouteux pour arriver sur le bord de la Salindrenque. En traversant le pont, nous avons pu admirer la magnifique cascade aux eaux tumultueuses et profiter du splendide panorama qu’offre la vallée avec ses contreforts avant d’attaquer la montée vers Calviac. Un petit détour non prévu, nous a permis de découvrir le château. La demeure domine le hameau de Calviac. Plusieurs fois assiégé, incendié, détruit, il ne subsiste rien du château primitif construit au XIIIe siècle. L'édifice actuel fut en partie reconstruit au XVIe siècle, et restauré au XIXe siècle. Avec ses trois tours dépassant la toiture, le château en impose.
Pas le temps de flâner, « La Route Vieille » permettant d’atteindre Sainte-Croix-de-Caderle est un sentier gravissant à travers bois¸ de rochers en rochers, à la pente assez prononcée. Un espace ensoleillé fut retenu pour la pause-café. Requinqués, l’ascension reprit jusqu’à atteindre Sainte-Croix. Sainte-Croix-de-Caderle est une toute petite commune de 105 habitants, nichée à 546 m d’altitude. Les maisons de pierres enserrent des ruelles étroites interdisant l’accès aux véhicules. La venelle principale nous conduit jusqu’à la chapelle.
La Chapelle de Sainte-Croix-de-Caderle, ou Temple de Sainte-Croix-de-Caderle, est un édifice religieux de style roman. La paroisse est membre de l’Église protestante unie de France. La chapelle a été construite au XIIe siècle et élevée au rang de prieuré vers 1420. Elle a été partiellement détruite pendant les guerres de Religion, et les catholiques ont pris le contrôle du village vers 1580. Entre 1648 et 1653, la voûte de la chapelle a été réparée, et entre 1653 et 1663, la chapelle a été reconstruite. Elle a été incendiée en 1703 pendant la guerre des Camisards. À la Révolution, l’église et la cure sont classés « biens nationaux ». En 1802, la chapelle et le cimetière ont été donnés au culte protestant.
Malgré les destructions et les restaurations, la chapelle a conservé son style roman. La rue menant à la cure et à la chapelle est entourée de vieilles maisons, et la chapelle surplombe le cimetière. Au pied de la chapelle, une table d’orientation permet d’identifier les sommets d’un vaste panorama.
Des travaux de rénovation récents ont conduit à des fouilles, révélant que la chapelle actuelle est construite sur les fondations d’une chapelle romane des XIIe-XIIIe siècles et a permis la mise au jour d’un sarcophage mérovingien. Un plancher de verre assure la protection de la crypte.
À partir du point le plus septentrional, et le plus élevé de notre parcours, ce n’était que descente jusqu’à Lasalle. Profitant d’un palier, nous nos sommes installés pour casser la croûte.
De là, une calade étroite serpentant entre des murs de clôture en pierres sèches nous a amenés tout droit sur la filature du Pont de Fer de Lasalle.
Les premières filatures de soie de Lasalle ont été construites entre 1823 et 1825 puis trois nouvelles ont été construites en 1870 pour bénéficier des avancées technologiques du moment. Lasalle comprenait alors au moins douze filatures. La plupart des filatures de Lasalle ont fermé au plus tard en 1930, et une seule a fermé en 1950. Les bâtiments ont été soit détruits soit reconvertis.
Le nombre de fileuses a beaucoup varié au fil du temps. Dans les années 1860-1865, elles ont été jusqu’à 600 à Lasalle. Les apprenties commençaient à travailler à la filature à 10 ans et devenaient fileuses vers 11-13 ans.
Les fileuses qui venaient de Lasalle, Soudorgues, Colognac, Sainte-Croix-de-Caderle, Saint-Bonnet, Vabres ou Thoiras rentraient chez elles le soir. Celles qui habitaient plus loin étaient en pension dans des maisons qui se trouvaient au quartier du Luxembourg à Lasalle.
Nous avons longé la Salindrenque sur 1 km, découvrant le Pont Vieux qui enjambe la rivière. C’est le plus ancien pont de Lasalle (XVIe siècle). Arrivés à Saint-Bonnet nous avions parcouru 14 km pour un dénivelé de 536 m.
Jean DUBEAU