Jean-Marc RENNER (20 septembre 2018)


Nous avons le regret de vous faire part du décès du colonel Terre/infanterie Jean-Marc RENNER le jeudi 20 septembre à 69 ans.

Jean-Marc se battait avec courage et dignité contre une tumeur cancéreuse du cerveau.

Son épouse Geneviève a ses trois enfants autour d’elle : Karine, Virginie et Marc.

 

Les obsèques ont été célébrées le 26 septembre en l’église Saint Paul de Frontignan.


Éloge du colonel Jean-Marc RENNER

par son ami, le colonel Jean-Pierre Anger 

le 26 septembre 2018 en l’église Saint Paul de Frontignan (34)

 

Modeste et discret, Jean-Marc n’aurait pas aimé recevoir un hommage traditionnel.

Aussi, en tant que vieux amis et amis intimes, nous souhaitons nous limiter à un simple témoignage lié à l’homme et à l’officier que nous avons bien connu, aimé et particulièrement apprécié.

 

L’HOMME

« Le plus faible des hommes, c’est l’amour de la vie et de ses semblables », Molière 1670.

C’est cette philosophie de vie qui a guidé Jean-Marc durant sa vie d’homme jusqu’à ce que la maladie l’emporte si brutalement, si injustement.

Quatre qualités cardinales ont guidé et structuré sa vie : l’équité, la générosité, la loyauté, la modestie. Il y en a bien d’autres mais nous nous sommes limités aux principales.

Il tenait certainement ces hautes qualités de l’épreuve terrible subie dans son enfance : la mort de son père alors qu’il avait 11 ans. Cette disparition brutale a profondément bouleversé sa vie avec un départ précipité du Maroc où il vivait heureux, une arrivée en France dans des conditions difficiles avec pour seuls repères affectifs une mère courageuse, merveilleuse débarquant avec ses cinq enfants sur la route de l’inconnu.

C’est ainsi qu’il s’est construit.

L’équité – La justice

Un puissant symbole cher à Jean-Marc est exposé à l’entrée de son salon : une balance de bijoutier à trébuchet.

Cet objet représentait à ses yeux la valeur première d’une vie, jusqu’à l’obsession. L’équité, la justice, une ferme intransigeance face à l’injustice, le conduisait parfois jusqu’à nuire à ses propres intérêts.

Chacune de ses décisions, y compris dans les relations amicales ou les loisirs était empreinte de cette valeur.

La générosité

Un seul exemple, très démonstratif : à l’issue d’une magnifique carrière militaire bien remplie, il aurait pu, comme presque nous tous, se reposer sur ses lauriers et couler des jours paisibles auprès des siens. Hé bien NON ! Cela n’était pas suffisant pour combler sa générosité débordante. Il lui fallait donner plus. C’est ainsi qu’il s’est immédiatement engagé dans une association d’aide aux jeunes adultes handicapés, apportant son expertise de vie, son amour des autres, sa gentillesse et ce, sans relâche, jusqu’à la veille de sa mort.

La loyauté

La loyauté, l’honnêteté intellectuelle ont fortifié Jean-Marc dans son environnement familial, professionnel et amical.

Outre ses grandes capacités intellectuelles et son discernement toujours judicieux, sa fidélité à la parole donnée, à l’amitié, à l’engagement pris, ont fait de l’homme un pilier de groupe, une référence, la personne sur qui on peut compter dans n’importe quelle circonstance.

La modestie – la simplicité

Nous tous, aujourd’hui présents, pouvons témoigner de cette vertu naturelle chez Jean-Marc.

Il était ainsi construit et jamais, au grand jamais, il ne se mettait en avant pour se valoriser, faire prévaloir sa personne ou ses intérêts… Ce qui ne l’empêchait pas d’être ferme dans ses convictions mais avec tact et mesure, à petites touches.

 

L’OFFICIER

Les hautes qualités déjà soulignées chez l’homme ont forgé et guidé tout naturellement l’officier que nous avons connu.

Son parcours de fantassin dans l’armée de Terre a été à la hauteur de l’homme : exemplaire et exceptionnel.

Jeune engagé à 18 ans comme simple soldat, il a quitté l’institution militaire avec le grade de colonel, chevalier de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre national du Mérite.

Quel parcours ! Quel exemple ! Quel modèle !

Nous ne reprendrons pas, étape par étape, ce parcours d’exception. Nous nous contenterons d’un arrêt sur deux points essentiels que nous avons admirés chez lui :

- sa brillante réussite dans le commandement des hommes… ce qui n’a rien d’étonnant. Passé par toutes les étapes du commandement direct dans l’infanterie, chef de groupe, chef de section, commandant de compagnie de chars, commandant le bataillon de l’École d’infanterie, par son comportement exemplaire et son investissement personnel il a, tout naturellement, suscité l’adhésion totale de ses subordonnés et obtenu les meilleurs résultats.

Il en a été de même lorsque, dans la réserve, il a dirigé et formé une brigade ORSEM à l’École militaire à Paris avec des stagiaires polytechniciens, énarques, ingénieurs… Les témoignages affectueux d’admiration sont édifiants ;

- sa capacité à réussir dans tout ce qu’il entreprenait, quel que soit le poste, la responsabilité, la difficulté. Il a brillamment réussi tant dans la réorganisation de l’École d’infanterie, que dans la technique comme chef des services techniques du 35e Régiment d’infanterie, que dans la logistique opérationnelle au sein du commandement de la Force logistique terrestre.

Son intelligence, sa capacité d’analyse, son investissement personnel y ont contribué mais surtout cette honnêteté et cette farouche volonté à honorer un engagement, une mission.

Nos chaleureux compliments et un grand respect pour l’immense tâche accomplie avec brio.

 

En conclusion, nous souhaitons, mon cher Jean-Marc, t’adresser trois messages et te confier une dernière mission :

- sache que ton combat et ton comportement face à cette terrible maladie a forcé notre admiration. À chaque fois que nous te demandions des nouvelles, tu nous répondais avec calme et parfois humour que tout allait bien pour toi et mieux encore, tu t’inquiétais pour nous et demandais des nouvelles de nos enfants et petits-enfants. Quelle dignité ! Quel courage !

- Sache aussi que nous avons admiré les tiens, Geneviève et tes enfants qui, dans l’épreuve, avec une grande dignité et un immense courage, t’ont accompagné avec amour et tendresse jusqu’à ton dernier souffle, chez toi, dans ta chambre.

Ta chère épouse aimante, si dévouée, tes 3 enfants chéris, tes 6 petits-enfants adorés peuvent légitimement être fiers de toi et compter sur nous.

- Ton départ laisse un vide immense et, plus que la parole, ton regard bleu-méditerranée, souvent affectueux, complice, parfois réprobateur, nous manquera mais nous essaierons de reprendre nos bâtons de marche et d’avancer... C’est sûrement ce que tu souhaites.

Enfin, une dernière mission confiée par MAOUPI, ton club de cœur dont je suis aujourd’hui le porte-parole : à ton arrivée là-haut, prépare-nous, comme tu l’as si bien fait, à plusieurs reprises ici-bas, un beau gîte, de belles randonnées et des visites culturelles… mais… prends ton temps !

À DIEU vieil AMI, À DIEU JEAN-MARC et MERCI de nous avoir offert une si belle amitié.


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