Conférence : Les névroses traumatiques (NT) de guerre et post-attentat, par André SAVELLI* (20 septembre 2018)


Le tonus du conférencier nous est bien connu. Il est toujours surprenant malgré le temps qui passe. André Savelli était dans son thème de prédilection.  Il a aussi été maître de conférences et directeur de l’UER III de psychologie à la faculté des lettres de Montpellier et parallèlement chargé du cours de criminologie psychiatrique à la faculté de droit, pendant 20 ans. Il est l’auteur d’une centaine de publications en psychopathologie.

 

 « Avant on ignorait ce syndrome. On qualifiait même de lâches, les militaires en proie à ces problèmes. Ceux qui se plaignaient étaient rares. Ils se sentaient coupables ». Le conférencier s’est attaché à nous faire comprendre que la blessure psychique était tout aussi réelle que la blessure physique.

Après une esquisse de l’historique des NT par Hermann Oppenheimer à la suite de grands accidents ferroviaires en 1884, l’élargissement aux situations de guerre a été le fait du professeur Henri Laborit, médecin militaire de marine et médecin de bord d’un navire de guerre torpillé par la Kriegsmarine en 1940 et des Américains pendant la guerre du Vietnam.

La symptomatologie de la NT est centrée sur le symptôme de répétition des scènes d’horreur que revivent seulement certaines personnes qui les ont vécues.

L'envoi pour la première fois lors de la guerre du Golfe (1991) de psychiatres et psychologues sur le terrain, marqua le début de la considération de la névrose traumatique. Ces troubles résultant des scènes d'horreur vécues par les personnels sur les théâtres d'opérations. 

La réparation des NT, considérées comme blessures, date de 1992 et  la prise en charge individuelle et précoce dans les armées date de 1991.

Aujourd'hui, il y a un sas de retour obligatoire pour les soldats de retour de guerre.  Le professeur précisant que tous les témoins de ces scènes, ne sont pas égaux face à la névrose traumatique. Certains ne ressentiront aucun trouble malgré les visions et les situations endurées. D'autres nourriront des troubles pouvant engendrer des déviances gravissimes (alcool, violence...) quand les images de mort violente semblent avoir été gravées dans leur cerveau. Une réalité qui vaut de la même manière pour les civils confrontés aux attentats. D'où le développement de la prise en charge des NT dans le sillage des premiers attentats subis sur le sol français, dès 1994 et l'attentat du RER Saint-Michel.

En réponse aux nombreuses questions, André Savelli a évoqué que l’individu résistait mieux à ces NT s’il avait dû faire preuve de résilience dans son passé. La résilience serait rendue possible grâce à la structuration précoce de la personnalité, par des expériences constructives de l'enfance (avant la confrontation avec des faits potentiellement traumatisants) et parfois par la réflexion, ou la parole, plus rarement par l'encadrement médical d'une thérapie. 

 

NDLR : le plan de la conférence est reproduit sur quelques photos du reportage de madame Fabienne Sala, membre de l’IHEDN-LR.

 

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* Le médecin en chef (er)  André SAVELLI est professeur agrégé du Val de Grâce en neuropsychiatrie.